Ode à la nature – Poucepour1

Ode à la nature

Les premiers jours de mon volontariat dans le village de Monsieur Kee sont passionnants. Touy, le fils de Kee à qui j’enseigne la langue de Shakespeare en échange du gîte et du couvert, s’améliore rapidement. A un rythme de 4 heures de cours par jour ses progrés sont très impressionnants et le stimulent énormément. J’ai bon espoir que dans 1 mois il pourra converser ! L’utilisation d’un dictionnaire Anglais-Lao découvert dans un grenier du hameau me permet de lui faire apprende du vocabulaire et de la grammaire, même si je dois reprendre les bases ; à commencer par l’alphabet latin qu’il ne connaît pas.

Je saisi alors l’occasion d’apprendre le lao en même temps qu’il apprend l’anglais, un excellent moyen de m’immerger complétement à Huay Bo. Quelques mots de langue locale me permettent ainsi de briser la glace avec les petits et les plus grands. En restant au village plus d’une nuit, contrairement à la plupart des touristes de passage, je deviens familier pour les villageois qui me saluent lorsqu’ils me reconnaissent. Désormais, les enfants veulent jouer avec moi, et les adultes sont ravis de me faire découvrir leur artisanat et leur quotidien.

Je n’hésites d’ailleurs pas à partir avec eux en dehors du village, une fois les leçons sont terminés. Que ce soit la cueillette, la chasse, la pêche, l’élevage, la coupe ou le commerce, les habitants de Huay Bo s’investissent dans de nombreuses tâches maintenant que la récolte est terminée. Outre la découverte peu à peu de ces activités, j’explore de la même façon les environs et je réalise à quel point la faune et la flaure du Laos sont riches et variées. Jamais je n’avais contemplé une nature aussi rayonnante ! Des centaines d’espèces de végétaux et d’animaux peuplent les aentours de Huay Bo.

Au sein du village, une animation constante règne parmi les poules, les faisans, les chiens, les chats et les canards. Les coqs s’affrontent, les chiens poursuivent les canards, les poussins suivent en file indienne, et les chats observent la scène. Dans les rizières en jachère, les troupeaux de buffles paissent tandis que les sauterelles, criquets et grenouilles bondissent à chacun de mes pas. Autour de chaque mare, des dizaines de libellules, papillons, moustiques et mouches offrent un ballet somptueux. J’observe également les dytiques, ces fameux insectes marchant sur l’eau. Dans la jungle, araignées, mille-pattes, oiseaux et bien d’autres créatures me tiennent compagnie. Partout, je suis entouré de centaines de spécimens d’insectes, de plantes et d’animaux, qui constituent désormais mon quotidien.

Au fil de mes ballades et de mes échanges, je réalise à quel point les lao respectent la nature. A Huay Bo, chacun se sent connectés avec cette entité qui prodigue le poisson du repas, le bois pour se réchauffer le soir, le riz pour subsister ou encore l’eau, tellement précieuse à la vie. Tous les villageois en sont dépendant pour leur propre survie ; un principe que l’homme moderne a tendance à oublier. Ici il n’y a rien de chimique ou d’industriel, si ce n’est le pauvre moticulteur. Les espèces sont préservés de toutes nuisances et proliférent en pleine liberté dans leur ecosystème. Sans tous ces produits toxiques, la faune et la flore rayonnent ! Qu’il est beau de revenir aux sources et d’admirer dame nature dans toute sa splendeur.

En tant que défenseur de la cause écologique, le constat de l’abondance des populations d’insectes et d’animaux, loin de toute utilisation de pesticides, d’engrais et autres, m’interpelle et m’émeut grandement. En grandissant en France, j’avais pris pour acquis ce que j’observais en me promenant le long de la Moselle ou en forêt. Mon voyage ici me fait réaliser que j’avais eu tort. Notre faune est sous-peuplée, et le constater de mes propres yeux donne un sens infiniment plus profond aux statistiques que l’on peut trouver dans les médias.

Vivre un mois à Huay Bo me donne l’opportunité de renouer avec la nature à mon tour. J’apprends à l’apprécier davantage, à la découvrir plus intensément, et surtout à la comprendre de mieux en mieux. Le cycle fascinant de la vie, des espèces et de l’harmonie qui règne sur notre planète m’émerveille et me dévoile chaque jour un peu plus de ses mystères. En cela, l’admiration ne serait-elle pas un premier pas vers la contemplation, et donc, le respect ? Peut-être que si chacun d’entre nous s’émerveillait devant les beautés naturelles de notre monde, bon nombre des problèmes liés au changement climatique que nous rencontrons aujourd’hui n’existeraient pas.

Contempler un lever de soleil, se réchauffer au coin du feu, observer la voie lactée dépourvue de toute pollution atmosphérique, ou encore s’immerger des heures durant dans un paysage vibrant de vie font désormais partie intégrante de mon quotidien, source quel bonheur ! De ce fait, de plus en plus de mes activités sont orientées vers la nature. Bien que, pendant mes voyages, j’aie souvent privilégié les rencontres humaines, je réalise que la nature ne se résume pas à quelques randonnées ou à des points de vue spectaculaires. Elle est omniprésente, à tout moment. Je l’entends et la ressent chauqe jour de plus en plus. C’est peut être trivial, mais j’ai le sentiment qu’il aura fallu que je vienne jusqu’ici, dans cet endroit le plus éloigné et dénué de technologie que je n’aie jamais vu, pour véritablement savourer les merveilles qu’elle offre.

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