Azerbaïdjan – Poucepour1

Azerbaïdjan

« Rien n’a changé, les damnés de la Terre
N’ont pas trouvé la sortie de l’Enfer

Toi qui avait rêvé l’égalité des Hommes
Tu dois tomber de haut dans ton éternité
Devant tous ces vieillards en superbe uniformes
Et ces maisons du peuple, dans des quartiers privés »

 

-Michel Sardou

 

Après les aventures de Lucas au pays des soviets, le voyage continue au pays de l’or noir !

 

L’Azerbaïdjan ! M’y voilà ! L’aventure prend un nouveau tournant avec ce pays, dont je ne connaissais rien avant mon arrivée, si ce n’est le pétrole de Bakou qui a fait rêver les stratèges les plus ambitieux du 3ème Reich lors de la seconde guerre mondiale. En effet si j’ai souvent entendu des amis ou de la famille dire « tiens cet été nous allons au Maroc » ou « pour l’hiver ça sera la Thaïlande », je n’ai jamais entendu un proche m’informer qu’il allait partir en vacances dans ce pays ! Mais de quoi donc est réellement composé l’Azerbaïdjan alors ? Ancienne république soviétique, premier pays Chiite de ma vie, petit état du Caucase, rare nation bordant la seule mer fermée du monde, me voici au pays de l’or noir !

 

Le premier paradoxe du pays est que la richesse, l’état des voitures, la qualité des maisons ou des infrastructures est inversement proportionnel à la fertilité des sols. Dans les champs luxuriant où je voyais des arbres fruitiers à perte de vue, ce n’était que la misère tandis qu’au milieu du désert fleurissent gratte ciel, Mercedes et gentleman en costume 3 pièces étaient légion. Constat bien étrange de voir d’un côté des pauvres agriculteurs, ayant juste des fourches, trois poules et une vieille traban – voiture est allemande – et de l’autre des businessman comme on pourrait en trouver à Londres ou New-York. Cette grande pauvreté ne ressemblait à rien au pire de la Turquie ou même au bas fond de la Géorgie.

 

Arrivant à Bakou, ma stupeur fut donc exacerbée par tous les gratte ciels, mégastructure ou autres constructions pleinement dignes du XXIème siècle. Comment un pays peut il afficher une façade si prospère et de l’autre avoir un telle pauvreté ? De plus les mélanges de styles entre les boulevards haussmanniens de la fin du XIXème, les palais des mille et une nuits, les immenses immeubles soviétiques ou bien les constructions des plus récentes, dépeignent une atmosphère qui reste assez harmonieuse, c’est déroutant! Agréable sensation de se trouver dans une capitale européenne, en Arabie saoudite et le tout au bord de mer. En plus je pense qu’il doit faire très bon vivre à Bakou, la ville est bien aérée, compte beaucoup de parcs, ainsi qu’un très charmant bord de mer.

 

Malgré cette enchanteresse description, je ne peux nier la folie des grandeurs qui ne passe pas inaperçu : piste de karting à l’intérieur d’un centre commercial, toboggans géants ou mini parc d’attractions pendant que les parents peuvent tranquillement faire les courses. Les voitures sont tout aussi aberrantes, 4*4 démesurés, voitures 7 places, ou autre mastodontes des routes, qui viennent presque cacher les quelques berlines allemandes ajoutant un peu de grâce à tant de monstruosités. Les grattes ciels sont partout, tout ce qui semble délabré est en construction ou en rénovation, comme dernière pierre à ce magnifique puzzle de la réussite, le grand prix de formule 1 se déroulera dans un mois, de quoi déjà observer tous les préparatifs.

 

Toute cette mégalomanie aura au moins eu le mérite d’édifier un gargantuesque musée sur l’histoire du tapis, présentant les spécificités de chacune des régions du pays. Mes connaissances en la matière étant tout juste au dessus de zéro, je me suis délecté de voir comment partant d’un mouton on pouvait arriver à un splendide tapis tressé et amplement décoré. Un autre aspect des plus fascinants est que le tapis servait à tout à l’époque des routes de la soie : au sol, rideaux dans les maisons, tapisseries sur les murs, coussins et couverture, isolations sur le toit, selles pour les chevaux mais également pouvoir faire office de sac pour transporter des choses et ayant une propre valeur marchande, il était absolument vital d’en posséder.

 

La géopolitique du pays est des plus complexe, justifiant après coup l’attitude « méfiante » des soldats du poste frontière. Le pays est en conflit avec l’Arménie, des milliers de soldats russes occupent le territoire sous prétexte de « garder la paix » et enfin l’ambassade azerbaïdjanais de Téhéran a été incendié il y a 6 mois, culminant en une grave crise diplomatique entre les deux pays. Le pays s’appuie donc sur deux alliés de longues dates, la Turquie et le Pakistan pour réussir à survivre sur l’échiquier des nations. Les liens avec la Turquie sont d’autant plus fort que les deux peuples partagent quasiment la même langue – mutuellement compréhensibles -, la même religion l’Islam ainsi qu’une nourriture similaire : baklava, kebab, soupe, yaourt, thé … Ainsi le drapeau turc flotte régulièrement au côté de son homologue azerbaïdjanais.

 

La différence notable avec la Turquie est cependant le passé soviétique, qui a grandement endommagé les croyances de la population. L’islam y est bien plus modéré qu’en Turquie, on se demande parfois même si il est présent. Une minorité de personnes se consacrent au Ramadan, les femmes ne se voilent pas et les mosquées bien moins nombreuses qu’en Turquie, sont en plus loin d’être pleines. « Les soviets ont détruits beaucoup de mosquées ici », m’explique Sadig, mon hôte à Bakou. Le passé soviétique a laissé des traces considérables, si ce n’est indélébiles : mentalité des individus, spiritualité de la population, géopolitique tendue, constructions reconnaissables parmi tant d’autres…

 

De plus le passage à la démocratie ne s’est pas complétement opéré, surtout quand on sait que beaucoup de personnalités très influentes aujourd’hui avaient déjà des bonne positions au temps de l’union. « Tous ces immeubles ça appartient au président, ces entreprises là aussi » m’informe Sadig, lorsque nous nous promenons dans les rues de Bakou. Certaines habitations sont réservées aux proches du président qui semble contrôler bien plus que seul le simple pouvoir exécutif.


En revanche la générosité et l’hospitalité que j’avais trouvé chez le bon peuple turc est toujours présente. Je pourrai citer Medhi, jeune étudiant en Médecine; voulant lui demander du wifi pour retrouver mon chemin, nous avons finalement discuté deux heures sur un banc public où il me livra ses pensées et opinions sur la vie, la société de son pays, son travail ou encore ses passions. Je prendrai également en exemple Ichaf, qui me prit en autostop alors que 3 taxis étaient autour de moi, il me fit visiter la ville avant de me ramener chez lui et de m’offrir un magnifique repas, que lui ne dégusta par car il jeûnait. Ou encore de Andrei, qui en lui demandant une adresse me paya le métro, le bus et un repas et prit une heure de son temps pour m’y déposer.


Une gentillesse exceptionnelle qui fait très chaud au cœur et démontre que malgré les cultures, les religions ou les aléas de l’histoire, l’être
humain reste bienveillant et à même d’aider son prochain. Un musulman offrant un repas qu’il ne peut déguster ou un homme voulant me trouver une adresse en sont l’exemple, comme si bien écrit dans la chanson l’oiseau : « Pays d’amour n’a pas de frontière, pour ceux qui ont un cœur d’enfant »

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Fred Martin

Baku 🇦🇿 est une ville magnifique où il fait très bon vivre. C’est un pays dont on ne parle pas assez. Il mérite d’être connu et visité en profondeur car il est riche historiquement. Nous avons regretté de ne pas être dispo pour t’accueillir, Manu partant en vacances en France à cette même date. Si tu veux revenir à un autre moment n’hésite pas à nous contacter. On sera ravi de t’accueillir.

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