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Ferghana

« Je vous emmènerai dans les plaines les plus fertiles du monde, vous y trouverez honneur, gloire et richesse » – Napoléon Muriers, sycomores, ormes, noyers, pêchers, abricotiers, pruniers, amandiers, poiriers, cognassiers, grenadiers ou figuiers peuplent mes vergers et mes forêts. Cotons, vignes, riz, blés, tomates, concombres, fraises, carottes, pommes de terre, betteraves, courgettes, maïs ou bien luzernes dépeignent mes champs et jardins. Charbon, fer, sel ou gypse résident dans mes sous-sols. Si Napoléon lors de sa première campagne d’Italie pensait que la plaine du Pô était l’endroit le plus fertile du monde, il ne devait pas me connaître. Je possède un nombre d’habitant au kilomètre carré 100 fois supérieure à l’Asie centrale. Outre cette statistique, j’abrite sans doute les gens les plus gentils, généreux et bienveillants de l’Ouzbékistan. Je suis la vallée du Ferghana. Il est 9h ce mercredi matin lorsque Otabec vient me retrouver. Il m’est envoyé par Ravchan, mon conducteur de la veille et professeur de français. J’ai beaucoup accroché avec lui et c’est naturellement que j’ai accepté que d’aller dans son école. L’objectif de la journée est donc de visiter la ville et d’aller rencontrer plusieurs de ses établissements scolaires. Otabec, grand, souriant me met tout de suite à l’aise. Il est étudiant en littérature française et donne des cours dans l’école de Ravchan qui est son professeur à l’université. Premièrement nous devons nous rendre dans la ville de Ferghana, à 50 km de là. Otabec, n’ayant pas de moyen de locomotion commence alors à tendre le pouce au bord de la route. J’hallucine, me voilà en train de faire du stop avec un ouzbèke ! En moins de 5 minutes, un véhicule s’arrête, l’élève de Ravchan échange 4 mots, puis nous montons à bord. Si le stop peut sembler facile à première vue en Ouzbékistan, il est bon de nuancer ce constat. Depuis l’Azerbaïdjan le concept même d’autostop n’existe plus. « Autostop, c’est quoi ça ? », m’ont déjà dit des dizaines d’automobilistes. La grande diminution du nombre de voiture a rendu n’importe quel véhicule en un taxi partagé – comprenez du covoiturage non prévu. Ainsi il m’a fallut expliquer de nombreuses fois mon challenge – dans une langue qui n’est pas la mienne. Cela m’a valu l’expérience d’être déposé dans les pires des endroits possibles car je refusais de payer mais j’ai toujours réussi à avancer gratuitement. Ici il en est de même, l’autostop n’existe pas. En revanche du fait d’une précarité encore plus grande de la population cela ne me dérange absolument pas contribuer au frais d’essence. Il serait mal vu de “profiter” d’une place dans une voiture sans payer… Nous arrivons en ville en milieu de matinée et commençons par le bazar de la ville. Il est époustouflant. Tous les produits sont beaux à croquer ; fruits, légumes, pains, fruits secs et viandes colorent les étales de ce Bazar. Il ne ressemble en rien à celui d’Istanbul. En effet en questionnant les vendeurs par l’intermédiaire de mon interprète du jour, je comprends que tous les fruits et légumes ont poussé à moins de quelques dizaines de kilomètres à la ronde. Ils viennent de petits producteurs ou même de particuliers vendant leur surplus de production. C’est un endroit pour les gens qui vivent ici, et non les touristes du monde entier. Nous continuons notre exploration de la ville par un petit parc, un musée ethnographique avant d’arriver en début d’après midi à un petit restaurant. Si les gens de la région de Ferghana sont des plus gentils, ils sont également parmi les plus pieux de toute l’Asie centrale. En plein Ramadan, il est incongru de manger devant tout le monde. Du fait des rideaux sur la devanture de l’enseigne et de la réticence du serveur, Otabec devra parlementer un petit moment pour qu’on me fasse rentrer dans une deuxième salle. A l’abris de tous les regards se retrouve les personnes ne faisant pas le jeune. On y trouve des touristes, des femmes enceintes ou encore des grands-mères accompagnant leurs petits-enfants. J’ai alors l’étrange sentiment de faire quelque chose d’illégal en me restaurant. Une fois rassasié, j’entre dans l’école de Ravchan, ce dernier n’est pas là mais bon, ce sera son frère qui s’occupera de moi ! Mohammed est professeur de français, 28 ans, marié à une jeune femme de 22 ans avec qui il a déjà deux beaux enfants. En entrant dans la salle de cours je suis surpris des faibles moyens. Loin des tableaux numériques ou autre gadget des années 2020, il n’y a même plus de craie ici. J’arriverai après bien des complications à trouver un grand planisphère pour faire rêver une dizaine d’adolescentes. Ces dernières peu timide et parlant un français correct m’offriront un très belle échange. L’après midi continue par la visite de deux autres établissements, de rencontre avec une cinquantaine d’enfants et d’une centaine de photos prises. Chaque élève souhaite prendre des photos avec moi en présence de ses amis, seule ou avec l’ensemble de ses camarades de classe. Sensation d’être une star l’espace d’un moment. Voir des dizaine de personnes faire la queue pour prendre une photo avec moi est très réjouissant. Mes diapositives imprimés – à défaut de pouvoir les projeter – rajoutent beaucoup de teneur à mon discours. J’arrive à motiver les jeunes, à les inciter à apprendre les langues, à leur dévoiler les bienfaits du voyage et les avantages de l’autostop. Cette « école de la vie » semblent faire des adeptes, nombre voudraient continuer l’aventure avec moi ! Outre les moments amusants, ces rencontres dans les écoles me motivent encore davantage dans mon aventure. Je réalise encore plus ma possibilité que de pouvoir transmettre l’espoir aux jeunes, de faire rêver les enfants et surtout de leur montrer que le monde ne se résume pas à leur simple village. Les sourires des enfants, les remerciements des professeurs et les étoiles pleins des yeux est une source intarissable de motivation. En quittant la dernière école, Ravchan vient me retrouver. Quelle surprise ! Il m’invite chez lui afin de me remercier. « Cela faisait 10 ans qu’un étranger n’était

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L’agriculture Ouzbèke

« Un sentier dans la montagne Quand j’aurai besoin d’eau Un Jardin à la campagne Pour mes jours de repos » – Michel Sardou L’eau c’est la vie ! Il m’aura fallut traverser un désert de 1000 km, vide de toute faune, de toute flore et de toute présence humaine pour pleinement prendre conscience de ce simple fait. Quelques encablures d’irrigations supplémentaires semblent suffire à transformer le désert en un oasis. Comme le chante Dalida : « Il n’y avait pas de rivière, et la bonne et riche et douce terre, n’était que du sable ». Mon expédition à la frontière des terres agricoles fut saisissante ; un simple mètre séparait la plaine fertile et luxuriante du désert absolu où les dunes ensablées s’étendaient à perte de vue. Laissez-moi vous faire un peu de place sur mon tapis volant pour plonger ensemble dans le surprenant monde de l’agriculture ouzbèke ! Ces interrogations agricoles m’ont toujours accompagnées depuis que j’ai quitté l’Europe. Il faut dire que les tracteurs dans les régions les plus reculées de Turquie ont commencé à m’intriguer. Comment si grande nation peut elle se contenter d’un machinisme agricole d’un autre temps ? D’autant que la totalité de la nourriture du pays est produite localement. En Azerbaïdjan beaucoup de nourriture est importée, à la manière des pétromonarchies du golf. En menant l’enquête, les quelques paysans du pays utilisant leurs fourches et outils archaïques ne peuvent subvenir au besoin d’une population urbaine de plus en plus importante. Ces questionnements que je pourrai qualifier de secondaire face à la compréhension des cultures et des religions dans les autres nations est devenu centrale en Ouzbékistan ; Tant l’agriculture façonne la répartition de l’homme sur les territoires, tant l’agriculture a permis aux descendants de Gengis Khan de se sédentariser. Ces nomades des steppes furent en effet parmi les derniers hommes de notre planète à quitter leurs yourtes, descendre de leurs chevaux pour retourner la terre et à labourer les champs à la sueur de leur front. Ils ont bâtis des cités où rien n’existait auparavant, à l’image des steppes du Nord de Tachkent qui ont vu leur population multiplié par 1000 au cours du dernier siècle. La vie a jailli tel l’eau des sources. Profitant d’une traversée éclair de 1000 km en seulement 24 heures – alors que je prévoyais de la faire en 3 jours – je décide de relier à pied la ville de Xhiva depuis Ourgentch. Cette traversée de 25 km dans les plaines fécondes fut plus qu’enrichissante : quelle joie que d’observer et d’analyser tous ces paysans et travailleurs des champs pendant tout un après midi. Mes premières impressions sont celle d’être projeté dans un kolkhoze des années 30 : aucune machine, un grouillement d’individus à la productivité plus que discutable et des choix de cultures aberrantes. J’aperçois interloqué une allée de sapin tellement arrosés que les troncs procurent l’impression de jaillir d’une immense flaque d’eau. Ces derniers étant condamnés à dépérir des chaleurs extrêmes de l’été, comme le témoigne leurs grands frères jaunes, sur le point de rendre l’âme. Les ouvriers agricoles labourent, plantent, cultivent et récoltent l’ensemble des champs à la main. Je ne vois aucun tracteur à l’horizon, seulement des hommes et des femmes avec des faux, des sécateurs et des bêches. Ce travail si minutieux offre un paysage éblouissant composés d’une multitude de parcelles, de cultures, de rigoles, de maigres canaux d’irrigations et surtout de petits groupes de cerfs du XXIème siècle. J’arrive à nouer la discussion avec un des chef, tout heureux qu’un baroudeur au gros sac traverse son domaine. « Ils sont employés à la mission, d’une dizaine de jours généralement ». La mentalité communiste s’est transformée en un capitalisme arrangé. Le coût de la main d’œuvre si peu élevé incite les nouveaux oligarques de l’agriculture à employer l’ensemble des personnes disponibles, pour la durée nécessaire aux travaux. La précarité du capitalisme s’associe à la pauvreté du communisme. Les effets néfastes de ces deux systèmes antagonistes s’assemblent pour accoucher du pire en Ouzbékistan. Il me semble important de noter qu’après approfondissement du sujet, l’état possède encore le quart des terres agricole. Les kolkhozes existent donc encore 100 ans après le dernier souffle de Lénine. La culture du coton à l’export a rendu la totalité de l’économie ouzbèke dépendante des cours de cette matière première. Ceci au grand damne des habitants voyant leurs employeur venir ou repartir à mesure que les cours de la bourse du coton montent ou descendent à des milliers de kilomètres de là. L’état, les grands propriétaires terriens ainsi que les petits paysans tentent de diversifier les cultures ; blé, orge, riz, pomme de terre et autres légumes germent dans tout le pays. Même si la production de coton a été divisé par deux depuis la chute de l’union, le pays reste le deuxième exportateur mondial. Ainsi le coton représente 20% de l’ensemble des exportations du pays. Il ne reste plus qu’à espérer que l’argent des hôteliers de Samarcande, des tradeurs de Tachkent ou des restaurateurs de Boukhara ruissellera jusqu’aux travailleurs agricoles de la région du Ferghana. 100 ans après la mort de Vladimir Ilitch, il semble que les inégalités n’ont jamais été si importantes ici. Cependant plusieurs échanges m’ont donné beaucoup d’espoir ; avec Salahudin étudiant en économie : « Il faut développer le pays. Je souhaite étudier en Amérique et revenir ici. Mon pays c’est L’Ouzbékistan ». Avec Ravchan : « Si Dieu le veut, je construirai une école pour instruire les enfants de mon village ». Ou encore avec Iroda : « Je veux que ma fille apprenne le français pour qu’elle puisse reprendre mon agence de tourisme ». Ces différents témoignages dévoilent l’immense conscience collective des Ouzbèkes, à l’image de leur générosité et de leur bonté de cœur. Ils laissent planer l’espoir que l’avenir sera bien meilleur pour le bon peuple ouzbèke.

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L’attente

« Que dans une autre vieTu étais roi barbare Tout autour de ton litDes chambellans bizarresTe versaient dans des coupesUn flot de raisins bleu» – Michel Sardou L’Azerbaïdjan est simplement séparé du Kazakhstan par la mer Caspienne, large de 500 km. Si cette traversée se fait en 45 minutes d’avion, fidèle à mon objectif de ne pas prendre l’avion pour rejoindre le seul antipode émergé de France, j’opte naturellement pour l’option de traverser cette mer en ferry, billet généreusement offert par Andrei Loupov. Confiant, c’est tout joyeux que j’arrive au port d’embarquement le mercredi matin, certain d’avoir une ferry pour ce jour. En me renseignement je me suis rendu compte qu’il y avait deux bateaux tous les trois jours, hier il n’y a pas eu départ, ça doit donc être aujourd’hui. J’achète alors mon billet, passe les différents contrôle et on me prie de m’installer dans une spacieuse salle d’attente, pour patienter jusqu’au départ du bateau. C’est sans savoir que je me lance corps et âme dans une gigantesque pièce de théâtre, défi personnel et marathon des émotions… Journal de bord, chronique d’un passager en attente du bateau, mercredi 10h, : Je découvre les locaux, deux grandes pièces pouvant accueillir facilement 200 âmes. Le seule problème c’est qu’il n’y a personne si ce n’est une autre individu d’une quarantaine d’année, bouquinant tranquillement. Je commence à faire de même, toujours optimiste qu’un bateau partira dans les prochaines heures, du moins c’est ce que m’a expliqué l’homme me vendant le ticket. Mercredi, 13h : Je n’en peu plus de ces trois heures de lectures et trois tours de l’étroite cabane qui ressemble plus à une prison qu’autre chose. J‘ai remué tout le personnel du port et ils m’assurent tous à l’unisson qu’il n’y a pas de wifi ici. Pourtant la télévision que regarde l’autre personne doit bien être connectée à quelque chose, on ne me dit que pas tout. Je crois que pour la première fois de ce voyage je vais devoir sortir la casquette de Lucas l’ingénieur. 13h24 je passe à l’action. L’individu est parti au toilette, je me saisi de la télécommande, fonce vers les paramètres pour activer le partage wifi de la télé. Mais il faut faire vite pour ne pas être repéré ! Malheureusement tout est en russe et je dois utiliser le lexique hors ligne de mon téléphone pour comprendre. J’arrive à trouver le mot de passe qui horreur, se trouve être en cyrillique. Ne pouvant le recopier sur mon téléphone je me lance donc dans la périlleuse tâche de le modifier, au nez et à la barbe de tous. 13h27, le wifi se répand dans le hall, je remets la chaîne de télévision préféré de madame, me voilà sauvé, ni vu ni connu, je viens d’implanter internet au beau milieu du désert. Serait ce les premiers pas vers l’établissement d’un oasis ici ? A son retour des toilettes je réalise que celle que je prenais pour une passagère est en réalité la femme de ménage du bâtiment. Belle productivité ! Je profite de la connexion pour répondre à mes différents messages, mes courriels et autre administratif que j’avais délaissé depuis tant de jours. Mercredi 17h : J’apprends que le bateau ne partira pas aujourd’hui, et sans doute pas demain, quelle douche froide ! Une tempête se lève et le ferry ne peut partir dans de telles conditions. Je vais devoir prendre mon mal en patience. Je n’ai que 3 pommes et deux galettes de pain pour tenir. Heureusement les douaniers ayant pitié de moi, ils me laissent accéder à leur cantine où je peux me restaurer et reprendre des forces.  Mercredi 21h : Un nouveau compagnon fait son apparition, c’est Eden le turkmène, il a une trentaine d’année et est un marchand de saucisse. Il a une bonne bouille ronde, un large sourire et un regard profond, regard dévoilant une grande bonté. Eden possède bizarrement deux téléphones dernière générations. Il faut dire que le trafics de saucisse en pays musulman rapporte ! Je lui procure alors le wifi de la télévision, ce qui ne manque pas ne le faire exploser de joie, il peut téléphoner à sa famille et revoir son fils qui n’a que quelques années. L’émotion est grande. Nous partageons le repas ensemble, autour d’une bonne saucisse qu’il m’offre pour me remercier, de mes galettes de pain ainsi qu’un peu de coca-cola, que mon collègue s’est procuré avant de venir s’entasser ici. Il est joyeux, sympathique et je suis heureux d’avoir un peu de compagnie, car depuis la fin du service des femmes de ménage à 18h je me sentais bien seul. En réalisant un tour approfondie de mon nouveau domaine je réalise qu’il y a une petite fontaine à eau ainsi que plusieurs lavabos, de quoi pouvoir se faire une belle toilette. J’aménage également quelques canapés pour pouvoir me constituer un lit de fortune. C’est que je commence à prendre goût de ma nouvelle vie de Robinson. Jeudi 11h : Après une grasse matinée bien reposante, je reçois la confirmation que le bateau ne partira pas aujourd’hui, j’ai donc une journée de libre ! Je décide de partir en quête de nourriture, il faut dire que je viens de manger ma dernière pomme et je ne peux me nourrir uniquement de saucisses. Un supermarché se trouve à 6 km de là, la marche m’occupera! En sortant des abords du port, je réalise que l’endroit où je me trouve est bien plus désertique que je ne le pensais. Une steppe sableuse s’étend à perte de vue, et les moribondes habitations qui se dessinent à l’horizon n’ont pas l’air d’être bien habité. Des murets se sont écroulés et je ne sais que penser des maisons, si elles sont en construction ou simplement abandonné.   En arrivant au village je fais la connaissance d’une dizaine de collégiens, parlant un anglais rudimentaire. Ils m’indiquent un lieux où je pourrai trouver des victuailles, seul hic, je n’ai plus de cash et il faut que le commerçant possède une machine à carte. Il nous faut donc retourner l’ensemble des

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Azerbaïdjan

« Rien n’a changé, les damnés de la TerreN’ont pas trouvé la sortie de l’Enfer Toi qui avait rêvé l’égalité des HommesTu dois tomber de haut dans ton éternitéDevant tous ces vieillards en superbe uniformesEt ces maisons du peuple, dans des quartiers privés »   -Michel Sardou   Après les aventures de Lucas au pays des soviets, le voyage continue au pays de l’or noir !   L’Azerbaïdjan ! M’y voilà ! L’aventure prend un nouveau tournant avec ce pays, dont je ne connaissais rien avant mon arrivée, si ce n’est le pétrole de Bakou qui a fait rêver les stratèges les plus ambitieux du 3ème Reich lors de la seconde guerre mondiale. En effet si j’ai souvent entendu des amis ou de la famille dire « tiens cet été nous allons au Maroc » ou « pour l’hiver ça sera la Thaïlande », je n’ai jamais entendu un proche m’informer qu’il allait partir en vacances dans ce pays ! Mais de quoi donc est réellement composé l’Azerbaïdjan alors ? Ancienne république soviétique, premier pays Chiite de ma vie, petit état du Caucase, rare nation bordant la seule mer fermée du monde, me voici au pays de l’or noir !   Le premier paradoxe du pays est que la richesse, l’état des voitures, la qualité des maisons ou des infrastructures est inversement proportionnel à la fertilité des sols. Dans les champs luxuriant où je voyais des arbres fruitiers à perte de vue, ce n’était que la misère tandis qu’au milieu du désert fleurissent gratte ciel, Mercedes et gentleman en costume 3 pièces étaient légion. Constat bien étrange de voir d’un côté des pauvres agriculteurs, ayant juste des fourches, trois poules et une vieille traban – voiture est allemande – et de l’autre des businessman comme on pourrait en trouver à Londres ou New-York. Cette grande pauvreté ne ressemblait à rien au pire de la Turquie ou même au bas fond de la Géorgie.   Arrivant à Bakou, ma stupeur fut donc exacerbée par tous les gratte ciels, mégastructure ou autres constructions pleinement dignes du XXIème siècle. Comment un pays peut il afficher une façade si prospère et de l’autre avoir un telle pauvreté ? De plus les mélanges de styles entre les boulevards haussmanniens de la fin du XIXème, les palais des mille et une nuits, les immenses immeubles soviétiques ou bien les constructions des plus récentes, dépeignent une atmosphère qui reste assez harmonieuse, c’est déroutant! Agréable sensation de se trouver dans une capitale européenne, en Arabie saoudite et le tout au bord de mer. En plus je pense qu’il doit faire très bon vivre à Bakou, la ville est bien aérée, compte beaucoup de parcs, ainsi qu’un très charmant bord de mer.   Malgré cette enchanteresse description, je ne peux nier la folie des grandeurs qui ne passe pas inaperçu : piste de karting à l’intérieur d’un centre commercial, toboggans géants ou mini parc d’attractions pendant que les parents peuvent tranquillement faire les courses. Les voitures sont tout aussi aberrantes, 4*4 démesurés, voitures 7 places, ou autre mastodontes des routes, qui viennent presque cacher les quelques berlines allemandes ajoutant un peu de grâce à tant de monstruosités. Les grattes ciels sont partout, tout ce qui semble délabré est en construction ou en rénovation, comme dernière pierre à ce magnifique puzzle de la réussite, le grand prix de formule 1 se déroulera dans un mois, de quoi déjà observer tous les préparatifs.   Toute cette mégalomanie aura au moins eu le mérite d’édifier un gargantuesque musée sur l’histoire du tapis, présentant les spécificités de chacune des régions du pays. Mes connaissances en la matière étant tout juste au dessus de zéro, je me suis délecté de voir comment partant d’un mouton on pouvait arriver à un splendide tapis tressé et amplement décoré. Un autre aspect des plus fascinants est que le tapis servait à tout à l’époque des routes de la soie : au sol, rideaux dans les maisons, tapisseries sur les murs, coussins et couverture, isolations sur le toit, selles pour les chevaux mais également pouvoir faire office de sac pour transporter des choses et ayant une propre valeur marchande, il était absolument vital d’en posséder.   La géopolitique du pays est des plus complexe, justifiant après coup l’attitude « méfiante » des soldats du poste frontière. Le pays est en conflit avec l’Arménie, des milliers de soldats russes occupent le territoire sous prétexte de « garder la paix » et enfin l’ambassade azerbaïdjanais de Téhéran a été incendié il y a 6 mois, culminant en une grave crise diplomatique entre les deux pays. Le pays s’appuie donc sur deux alliés de longues dates, la Turquie et le Pakistan pour réussir à survivre sur l’échiquier des nations. Les liens avec la Turquie sont d’autant plus fort que les deux peuples partagent quasiment la même langue – mutuellement compréhensibles -, la même religion l’Islam ainsi qu’une nourriture similaire : baklava, kebab, soupe, yaourt, thé … Ainsi le drapeau turc flotte régulièrement au côté de son homologue azerbaïdjanais.   La différence notable avec la Turquie est cependant le passé soviétique, qui a grandement endommagé les croyances de la population. L’islam y est bien plus modéré qu’en Turquie, on se demande parfois même si il est présent. Une minorité de personnes se consacrent au Ramadan, les femmes ne se voilent pas et les mosquées bien moins nombreuses qu’en Turquie, sont en plus loin d’être pleines. « Les soviets ont détruits beaucoup de mosquées ici », m’explique Sadig, mon hôte à Bakou. Le passé soviétique a laissé des traces considérables, si ce n’est indélébiles : mentalité des individus, spiritualité de la population, géopolitique tendue, constructions reconnaissables parmi tant d’autres…   De plus le passage à la démocratie ne s’est pas complétement opéré, surtout quand on sait que beaucoup de personnalités très influentes aujourd’hui avaient déjà des bonne positions au temps de l’union. « Tous ces immeubles ça appartient au président, ces entreprises là aussi » m’informe Sadig, lorsque nous nous promenons dans les rues de Bakou. Certaines habitations sont réservées aux proches du président qui semble contrôler bien plus que

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La Géorgie

“Des crucifix dressés pour garder les campagnesDes abbayes posées au sommet des montagnes” – Michel Sardou Jamais si peu de distance géographique avait renfermée autant de différence culturelle, autant de différence civilisationnelle. Pour tout vous dire un simple passage de frontière a contribué à l’effondrement d’un monde, remplacé par un autre, d’apparence bien plus familier. Mes premières heures en Géorgie m’ont frappé au plus haut point, mélange de retour en Europe, de retour en terrain conquis, bref de retour à la maison. Mais cette étrange sensation est elle une illusion ou une réalité bien plus profonde ? Les cathédrales font places aux mosquées, les paysages ne sont pas très différents des Vosges, composés de prairies, de forêts et de petites collines, du vert tout simplement ! Les femmes sont bien présentes dans l’espace public, le drapeau de l’union européenne flotte régulièrement sur les bâtiments publics et le taux de change est bien plus proche de l’euro. J’ai l’impression de perdre en une heure tout le dépaysement dans lequel j’étais plongé depuis Istanbul.     Mais si en apparence la Géorgie peut sembler un pays européen, europhile n’ayant rien à voir avec une petite nation du Caucase, des échanges avec des géorgiens de tout âge, des étudiants internationaux et des réflexions personnelles m’ont permis de dresser un autre bilan, une autre perception de la Géorgie. Il est vrai que si beaucoup de parallèles peuvent être dressé avec la Roumanie par exemple, en fouillant comme à mon habitude, je me suis rendu compte que le pays était bien plus empreint du poids de son histoire.   Le premier fait marquant est que du fait de son histoire soviétique, la Géorgie est une nation intrinsèquement multiculturelle. On trouve dans le pays des grandes communautés d’Azerbaïdjanais, d’Arméniens, de Russe et d’autres peuplades de l’ex URSS. La communauté internationale composé par les étudiants et les expatriés en tout genre est loin d’être négligeable et contribue grandement à apporter de la nouveauté dans ce pays si millénaire.   De part cette composante multiculturelle, j’ai été invité chez Giulbaniz, une professeure d’anglais dans une région de culture Azerbaijanaise du pays. Suite à une intervention dans deux classes différentes de l’établissement, Giulbaniz m’a spontanément invité chez elle pour partager le repas de la grande fête Azerbaijanaise, la fête célébrant le retour du printemps. ll faut dire que mon allocution a tellement captivée les enfants, que plusieurs classes se sont jointes au cours. Ainsi les autres élèves de Giulbaniz on pu être répartis dans d’autres classes pour l’après-midi comme les autres profs d’anglais n’avaient pas travaillé ce matin là, elle pouvait donc rentrer chez elle ! Outre la cuisine complétement différente, la maison ne ressemblait en rien à une maison géorgienne : tout venait d’Azerbaïdjan : livres, mobiliers, assiettes…   J’apprends également que mon hôte ne parle que très peu géorgien et pratique comme bon nombre d’Azerbaïdjanais, le culte musulman. Il est intéressant de noter que dans cette ville de 10 000 habitants où je suis, il y a plusieurs mosquées mais aucune église. Je garderai de cette famille un accueil exceptionnel, un foyer des plus chaleureux pour ce jour si particulier qu’est le retour du printemps.   Un autre prisme venant brouiller mes apprioris de cette nation, est la différence entre se sentir “soviétique” et se sentir “russe”. Il n’y a quasiment pas de russe ici, et pas grand monde aime les russes, mais beaucoup regrettent les soviets. Cette idée, ce concept de faire partie d’un grand “tout” socialiste fascine encore beaucoup. Les personnes âgées étaient fiers d’appartenir à l’URSS, deuxième nation du monde.   Ma visite à la maison natale de Staline à Gori me confortera dans cette idée. Staline est un demi dieu ici, l’homme qui a vaincu Hitler, libéré l’Europe du fascisme, industrialisé le pays et fait sortir du moyen-âge la nation tsariste pour développer au plus haut l’union soviétique. L’aspect dictatoriale, les massacres de la collectivisation et autres facettes du dictateur sont soit passés sous le tapis, soit remis en question. “On ne sait pas si il y a eu des morts lors de la collectivisation”, m’assure Micha, la guide du musée de Staline.    Il est sûr qu’en gommant ses traits négatifs, Staline passe aujourd’hui pour une grande majorité de la population géorgienne comme un moustachu charismatique qui a vaincu le 3ème Reich et permis à l’union Soviétique de régner sur une grande partie du monde pendant un demi siècle. De plus la nouvelle génération géorgienne, peut-être plus susceptible d’avoir un autre point de vue et un regard plus critique que leur aïeuls, ne semble que très peu intéressée par l’histoire. C’est à ce titre que soit les gens adulent le petit père des peuples ou alors l’ignorent, voir l’oublient.   À Tblissi j’ai eu la chance d’être hébergé chez Aïcha, jeune étudiante française effectuant son stage à l’Institut français. Des discussions enflammées avec elle m’ont permis de percer d’autres mystères de la société géorgienne, pas si moderne et peut-être pas si occidentale que ça. “Je sens bien que je ne suis pas traitée comme un homme ici. J’ai des tâches moins intéressantes et je ne compte plus les remarques sur mes choix vestimentaires”. Pour mon hôte, l’orthodoxie a créée une société structurée autour du patriarcat qui est bien moins égalitaire que ce que laisse suggérer la loi.    Ne serait ce que pour les personnes me prenant en autostop, sur 10 conducteurs géorgiens, un seul fut une conductrice. Très timide d’engager la conversation, il faudra de long efforts pour que celle ci se livre complètement et me raconte sa vie, des plus passionnante. Incapable d’avoir des enfants, elle s’est rendue dans un monastère renommé pour ses miracles de fécondités. Trois années plus tard, elle était la maman de, trois garçons, aujourd’hui âgé de 11, 12 et 13 ans. Merveilleuse histoire qui fera fondre en larmes Zura lorsqu’elle me déposa au monastère précis, où a eu lieu le miracle.   D’autres part, si le pays peut sembler europhile, l’on peut remarquer que l’ensemble

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Le rire du Sergent

« Le rire du sergent, un matin de printemps, m’a fait comprendre comment gagner du galon » – Michel Sardou Il est dans ce monde des expériences extraordinaires dont on sait que l’on gardera un excellent souvenir pour le restant de notre vie. Le seul petit problème est que l’instant où l’on vit ce moment est des plus désagréables : purgatoire incontrôlable, impuissance absolue et horreur de devoir son salut du bon vouloir de quelqu’un qui nous est complétement étranger. Notre histoire commence un beau matin de Printemps alors je que prends des photos du poste frontière ensoleillé. Le drapeau Géorgien flottant à 10 mètres de son homologue Azerbaïdjanais, séparé par des barbelés, des palissades et des fils électriques. C’est au moment où je pars explorer le village que deux soldats armés de kalachnikov me charge en me menaçant avec leur arme. La situation pourrait être terrifiante, mais ce sont deux mobilisés, plus jeunes que moi et qui rigolent plus qu’autre chose, ils n’ont pas l’air de vouloir me tirer dessus ! Ne parlant pas anglais, notre discussion est limitée mais dans le doute ils me confisquent mon téléphone et mon passeport, je me sens tout bête, c’est la première fois de ma vie que ça m’arrive. Ils appellent alors d’autres gardes, un douanier et un supérieur hiérarchique. Finis la liberté, je suis capturé par l’armée Azerbaïdjanaise ! Ce que je pensais comme une blague de grands adolescents prend vite une autre tournure… Le douanier m’est souriant, sympathique et m’explique que tout est en ordre. J’ai le tampon d’entrée dans le pays, le visa et même l’attestation d’assurance. Voyant que j’étais auparavant en Géorgie il comprend également que je ne veux pas y retourner mis mon histoire semble trop louche. « Mais bon sang de bon soir que fais-tu à 3 mètres de la frontière alors ? ». J’essaye de lui expliquer mon histoire mais ils ont du mal à me croire. C’est alors que le sergent a un éclair de génie, il me prend pour un espion à la solde d’Emmanuel Macron ! Il faut dire que les français sont mal aimés – si ce n’est détestés – ici du fait des propos du chef de l’état à propos du conflit dans le Qarabag. « Ce n’est pas un endroit touristique ici, les touristes vont à la plage, au restaurant ou dans les musées, pas photographier les barbelés ! ». Il faut dire qu’il n’a pas tort, comment vais-je réussir à lui expliquer ma situation … Un commandant arrive à son tour il prend mon passeport, vérifie que tout est en règle et commence à se demander pourquoi on a arrêté ce jeune français. Mais bon, il est bizarre ce « touriste » ! Avant de me relâcher il appelle tout de même son grand supérieur, le général ou gouverneur militaire de la région. Apercevant la fenêtre de liberté, pensant que tout va s’arrêter, la situation va vite tourner au vinaigre : il est persuadé que je suis un espion ou que je tente de franchir en force la frontière et décide de venir m’interroger personnellement. Ce dernier habite à deux heures d’ici, et je comprends qu’une belle après-midi se dessine en perspective. Les soldats et le lieutenant me font donc monter dans une jeep, direction la caserne. Juste avant de monter dans le véhicule, le douanier m’attrape par le bras et me glisse avec un grand sourire : « tu n’as pas de soucis à te faire Lucas, tout est en ordre, ça sera juste long ». Parole rassurante, maintenant qu’il est avéré que je suis dans mon droit. C’est cette petite phrase qui m’aidera à tenir tout l’après-midi. Après coup j’ai réalisé le déclic qu’elle avait généré, j’étais dans mon droit, n’ayant rien à me reprocher et une petite voix me murmurait qu’à part perdre une après-midi rien de plus allait s’en suivre. J’ai alors réussi à rester beaucoup serein et confiant que quand j’avais été arrêté par les policiers italien, bien que la situation fut 10 fois moins compliquée ! J’arrive alors à la caserne où je suis accueilli chaleureusement par un autre officier qui me fait assoir dans loge des officiers. Un soldat m’apporte la soupe, avec des patates s’il vous plait ! Anecdotique ou insignifiant me diriez vous ? Pas tout à fait lorsque je comprends que les simples recrues devront se contenter d’une soupe pure. On m’apporte même du pain, quel luxe ! Ce traitement de faveur me fait comprendre que je ne suis pas un terroriste à leurs yeux et que les autres officiers commencent à avoir les mêmes pensées que le douanier. Une fois rassasié, l’interrogatoire reprend avec le sergent et le commandant. Me demandant comment j’ai fait pour arriver jusqu’ici, je leur réponds que c’est en autostop, comme l’ensemble de mon voyage. Ils ont dû mal à me croire et mes justifications en utilisant google traduction ne sont pas très utiles.  Comprenant qu’ils veulent plus de détail, je les informe que mon conducteur possédait une voiture blanche. C’était sans compter que les gardes frontières étaient bien occupés aujourd’hui car en moins de 10 minutes ils retrouvent l’homme et me le passe en appel visio. Scène surréaliste où je me retrouve nez à nez avec lui par l’intermédiaire du téléphone, lui qui semble m’insulter plus qu’autre chose. Le conducteur ayant raconté une autre histoire que celle que j’ai expliqué aux officiers, s’en suivra de très longues minutes pour pouvoir tout clarifier, en prétextant que je me suis perdu dans le village et que j’ai beaucoup marché. Mes interrogateurs se calment alors coup et commencent à me faire passer le temps. L’un me demande ce que je compte visiter dans le pays, quelle serait la meilleure université française pour son fils et il me donne même un cours de langue Azerbaïdjanaise. Les recrues m’apportent du thé, des friandises et même une tablette de chocolat blanc. J’en profite pour découvrir la vie à la caserne lors du service militaire, vie que je ne connais que par quelques récits familiaux, tellement racontés et déformés que ce sont plus des légendes que des histoires plausibles. Tout d’un

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Musulmanes

« Voilées pour ne pas être vuesCernées d’un silence absoluVierges de pierre au corps de DianeLes femmes ont pour leur lassitudeDes jardins clos de solitudeLe long sanglot des musulmanes » – Michel Sardou Si les rivages de la mer Égée, les ruelles d’Istanbul ou les vallées enchanteresses de la Cappadoce pouvaient un temps suggérer que la Turquie était un pays aux mœurs européennes, l’extrême Est du pays a balayé comme un château de carte tous mes présupposés. Le poids de la culture, des traditions et de la religion ne m’avaient jamais autant marqué. Quelques rencontres, quelques brins de vie et quelques moments volés ont suffit à l’écroulement de toutes mes certitudes. Un nouveau paradigme s’offra à moi lorsque j’arrivai à Sivas, après 400 km et une journée entière consacré à l’autostop. En entrant dans le premier salon de thé, je remarquai qu’il n’y avait que des hommes, chapelets à la main, dégustant du thé et quelques baklavas à la noix. Sortant de cet endroit je tombais nez à nez avec une somptueuse porte d’un caravansérail. Appréciant la beauté de l’instant, les merveilles architecturales des grandeurs de l’islam, je commençais à regarder autour de moi et à réaliser qu’il n’y avait que 3 femmes sur une foule de 60 personnes et ces dernières étaient voilées. Une dizaine de garçons faisaient un foot devant deux somptueux minarets tout de mosaïques revêtus, lapiz lazuli et ocre se reflétant sur les foulards des quelques femmes se hâtant de traverser la place. Serait-ce un autre monde ? Comment ces 400 km ont ils pu me propulser dans une tout autre civilisation ? Les steppes arides, les semblant de toundras et les quasi déserts que j’ai traversé aujourd’hui m’ont ils transporté en Asie ? Aurais-je trouvé la frontière entre l’Orient et l’Occident, perdu en plein milieu de l’Anatolie ? Plusieurs centaines de kilomètres supplémentaires me permettront de rallier Erzurum, Van puis Kars, pour progresser toujours plus loin dans cet autre univers. Mais je dois dire après coup que Sivas fut le premier grain de sable dans le mécanisme de ma compréhension de la Turquie. Premier moment où je me suis dis que je n’étais plus à la maison, premier instant où je me suis dis : l’aventure commence. C’est assis sur un banc public de Van que j’ai pu décortiquer la société Turque. Les hommes se déplacent uniquement avec des hommes, de même pour les femmes à l’exception des maris et des parents. Les interactions entre les genres sont extrêmement rares dans l’espace public et il est inconcevable de voir une femme demander son chemin à un homme, ou tout autre chose. La proportion de femmes dans l’espace public n’a fait que chuter depuis Sivas, pour se réduire à zéro dans les petits villages. À l’heure de la prière les mosquées sont pleines et je ne compte plus les fois où mon conducteur fût choqué que je lui demande la profession de sa femme. A noter que sur les 50 conducteurs Turcs de mon voyage, aucun ne fut une conductrice et rare furent les hommes s’arrêtant avec leur femme, je les dénombre sur les doigts de la main. Les musulmanes seraient elles condamnées aux  « jardins clos de solitude » de Michel Sardou ? Une autre expérience des plus bouleversante fut le ferry pour rejoindre l’île d’Aktamar. Outre la somptueuse église arménienne, le lac azur, les montagnes enneigés et soleil resplendissant, ces 50 minutes de trajet en bateau m’ont ému au plus haut point et surtout fait prendre conscience de la situation des musulmanes. Après quelques encablures, une fois que l’embarcation devient invisible aux yeux du rivages, le chef de bord sort de colossales enceintes, les femmes enlèvent leurs voiles, remettent un peu de rouges sur leurs lèves et s’élancent sur la piste. Le pont arrière devient une piste de dance floor et les jeunes femmes ne tardent pas de m’inviter à danser. Leur joie, leur gaîté, leur envie de s’amuser, leur énergie pour danser, s’amuser ou tout simplement profiter de la vie est saisissant. Elles retrouvent l’espace d’une traversé toutes leurs libertés de femmes, libertés dont elles seront dépourvues une fois à terre. Je ne manquerai de participer à cette émancipation en leur montrant les pas de danse du Connemara. Il faut dire que danser les lacs du Connemara au beau milieu d’un lac est tout aussi poignant que de voir les sourires sur le visage des jeunes femmes qui s’amusent sur ces airs de cornemuse. Ce soir là je dors chez Hakan qui m’accueille dans la maison familiale. Il vit avec sa mère, son frère, la femme de son frère et leurs enfants. Son cousin et sa fiancée vivent également là, au rez-de-chaussée. En rentrant à 23h30, Hakan demande discrètement à sa mère de nous préparer quelque chose à manger. Choqué j’essaye d’expliquer que je peux aider mais il s’offusque : « ce n’est pas à nous de faire ça ». Comprenons qu’ici les hommes ne cuisinent pas et c’est la belle sœur de Hakan, Zeynep qui viendra aider la mère de famille pendant que le frère de Hakan m’offrira une tasse de thé tout en me posant milles questions sur mon voyage. J’ai alors le bonheur de déguster une succulente omelette kurde à minuit passé. En remerciant grandement ces braves femmes, elles me font comprendre que c’est absolument normal. Premièrement l’hôte est un envoyé de Dieu dans l’islam. C’est un plaisir et surtout un honneur de recevoir pour tout bon musulman. Deuxièmement, si Hakan et son frère travaillent, le rôle des femmes et de s’occuper du foyer ici. J’ai l’impression de retrouver la société de la jeunesse de mes grands parents. Le lendemain je pars explorer la forteresse d’Ishak Pacha. A l’arrêt de bus – me permettant de monter tout en haut de la montagne, où se trouve le château – je sympathise avec Irma, une jeune française visitant la Turquie en sac à dos. Une fois le bus arrivé, je m’assois au fond sans comprendre qu’en m’asseyant à cet endroit, j’allais condamner trois jeunes femmes à devoir rester debout. Irma m’informe rapidement

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Au tableau

“Je veux que mes enfants s’instruisent à mon écoleS’ils ressemblent à quelqu’un, autant que ce soit moi.” – Michel Sardou Du petit prince, de Candide ou d’Otis, je comprends encore plus aujourd’hui l’importance des rencontres pour forger une destinée.   Et si j’allais me présenter au lycée de la ville ? Le stop a très bien fonctionné, je suis arrivé plus tôt que prévu et je n’ai pas encore rencontré d’élèves en Turquie, c’est le moment ou jamais !   En arrivant devant les grandes portes j’ai un peu le trac, je ne suis qu’un simple voyageur et je ne parle pas trois mots de turc. Mais bon, je n’ai rien à perdre. En arrivant par inadvertance dans la salle des profs, j’ai le plaisir de tomber nez à nez avec le professeur d’anglais. Je peux lui expliquer ma situation et il est rapidement emballé. Il en parle à son directeur qui m’accueille trois minutes plus tard en grandes pompes dans son bureau.   Imaginez vous l’ascenseur émotionnel, me voilà maintenant assis en face du directeur du plus prestigieux lycée de la ville, avec un professeur comme interprète. Ville plus grande que Nancy, je précise.   Notre bon prof d’anglais m’accueille alors dans sa classe mais prétextant de se faire un café, il fille à l’anglaise et je me retrouve seul devant 30 enfants de 15 ans, tous en uniforme s’il vous plaît. Je tape bien fort dans les mains à la manière de Frank Abagnale dans le célèbre film « Arrête -moi si tu peux » où il s’improvise prof de français, un silence de plomb résonne alors, c’est bon je peux m’élancer. Après 10 minutes de présentation, s’en suivront pour tout le reste de l’heure de cours, des questions des plus intéressantes et des plus incongrues.   “Pourquoi tu voyages seul ?” “Galatasaray ou Fenerbahçe ?” “Que penses tu de l’hospitalité turc ?” “Pourquoi les petites filles françaises ne peuvent pas porter le voile à l’école ?” “Messi ou Ronaldo ?” “Tu préférerais de vivre à Istanbul ou Paris ?” “Que pense ta maman de ton voyage ? “ “Quelle est la principale différence entre notre classe et une classe française ?”, “Les filles turques sont elles aussi jolies que les françaises ?”   Autant de réflexions qui me permettent de transmettre les valeurs qui me sont chères -bienveillance, patience, soif de d’apprendre… – aux enfants, de les encourager à découvrir le monde, d’apprendre l’anglais mais également qui résonne en mon for intérieur. Elles me permettent de philosopher à mon tour sur mon aventure, sur les raisons me poussant à parcourir le monde et sur ce qui me donne la force d’avancer en me levant tout les matins.   Le lendemain je suis invité dans un autre lycée de la ville, il faut dire que ma bonne prestation a rapidement fait parler. Je déjeune avec le directeur, qui me regarde avec les yeux d’un grand enfant, posant mille et une questions sur mon voyage. Je perçois dans son regard de la curiosité, de l’admiration mais surtout de l’envie de réaliser un tel projet. Il faut dire que ce cinquantenaire n’a eu que très rarement l’occasion de voyager.   Je passe l’après midi avec Nur, 25 ans, jeune professeure d’anglais qui est seulement dans sa deuxième année d’enseignement. La classe, bien que plus âgée, est plus timide et l’échange se fait plus difficile. Cela n’entrave en rien le moment, car c’est maintenant moi qui pose les questions, je retourne la situation à mon avantage : Que voulez-vous faire plus tard ? Que pensez vous du réchauffement climatique ? Quelles sont vos passions ? Encore un florilège de réponses me permettant d’abreuver ma réflexion et ma philosophie sur les individus et leurs caractères.   Mais c’est alors que la sonnerie retentit dans ce temple du savoir. Mehdi et Osan m’attrapent par le bras, ils veulent me présenter à leur amis. Mais tous les lycéens se rassemblent. Ils forment un grand cercle autour de moi et tout le monde souhaite à absolument me toucher. En effet pour beaucoup je suis le premier étranger qu’ils rencontrent de route leur vie. Je suis attrapé de toutes parts. Je ne contrôle plus rien. Ils parlent tous en turc et la situation devient assez oppressante. Ils sont 50 tout autour de ma personne. 15 à me toucher en même temps, à prendre photo, vidéos ou simplement à me tirer les cheveux. Il faut dire qu’ils n’en n’ont jamais vu de cette couleur. Ersen me glisse une cigarette dans la bouche, c’en est trop, Nur arrive finalement pour me délivre de cette folle tourmente lycéenne.   Une fois extirpé elle me ramène en salle des profs, où les élèves les plus motivés feront la queue pour une photo. Essayant de comprendre ce qu’il vient de se passer avec Semra, la jeune fille m’ayant posé le plus de questions tout en me regardant passionnément pendant une heure, j’intègre mieux les évènements de la récréation : “tu es le premier blond aux yeux bleus que je vois de toute ma vie”.   Une fois revenu dans la salle des profs, Nur me demande où vais je dormir ce soir. Lui répondant que je n’en sais rien, elle panique et téléphone aussitôt à sa supérieure pour voir s’il y aurait moyen de me trouver une place dans le dortoir de l’école. Seule le directeur pouvant prendre une telle décision, me revoilà dans son bureau. Toujours aussi chaleureux il me fait assoir dans un magnifique fauteuil en cuir, en me pointant son gigantesque aquarium. Nur lui explique ma situation mais le dortoir de l’école est fermé du fait du tremblement de terre.   Pensant que les carottes sont cuites, je remets mon sac sur les épaules mais le bon directeur m’ordonne de m’asseoir de nouveau, il a plus d’une corde à son arc. Après 3 coups de fils il me trouve finalement une place dans un hôtel 4 étoiles, payé en exclusivité par le lycée pour mes bons et loyaux services. Je ne sais comment le remercier, notre

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24 heures pour l’étérnité

Pas un seul moment j’aurai imaginé que l’apostrophe du vieil homme que je venais de quitter serait vrai. Quinze heure vient de sonner à la tour de la mairie d’Ankara, je me sépare d’Alfred, un soi-disant gardien de musée qui fait la manche. En revanche il n’est pas comme ces autres mendiants, il a quelque de chose dans le geste et dans la parole, un petit quelque chose qui retient mon attention. Au fil de la discussion je commence à m’attacher à lui et au moment de nous séparer je lui donne une petite pièce pour qu’il puisse s’acheter un repas chaud. C’est alors qu’il me lance : « Dieu te le rendra 10 fois ». Je n’y prête pas mots et je commence ma visio avec les élèves de Liverdun, pour leur présenter la culture Turque. Ce soir je dors chez Nyiazi, un hôte que j’ai trouvé sur l’application Couchsurfing. Je dois le retrouver à 19h, il a insisté car il commence tôt le travail demain. En montant dans le bus qu’il m’avait indiqué – je m’autorise à prendre les transports en commun dans les grandes agglomérations – je me rends vite compte qu’il part à l’opposé de la ville. Vite descendu je réalise l’erreur ; je suis dorénavant à 10 km de chez lui, je n’ai plus de batterie de téléphone – merci la visio – et il est 18h45. L’angoisse commence à monter. Soyons logique, je dois d’abord charger mon téléphone pour retrouver l’adresse, j’aviserai ensuite comment m’y rendre. En entrant dans un salon de thé je commande quelques Simit – Bretzel Turc – avec une bonne tasse de thé. Un blond aux yeux bleus dans un café en banlieue d’Ankara ça ne passe pas inaperçu et le barman commence à discuter avec moi. Grand fan de football il me trouve une ressemblance pour Antoine Griezmann, que c’est étonnant, mais comme le dit si bien mon père : « même si c’est étonnant, n’aies pas l’air étonné ».  Ma batterie se recharge et Murat me confie son rêve, voir la Tour Eiffel ! C’est alors que je retire mon pull, pour lui montrer fièrement mon t-shirt « France 2024 », au sein duquel la lettre A est représentée par la célèbre tour parisienne. Le barman s’effondre, me prends dans ses bras, me ressert du thé et m’offre des Baklava pour me remercier. Quelle générosité ! Pour moins d’un euro je viens de recevoir deux Simit, deux tasses de thé et trois Baklava ! C’est amer que je m’extrais du salon car je décide finalement de rejoindre à pied le domicile de mon hôte. Il se trouve à 10 km de là, il est 19h10 et je ne peux plus me permettre de rater un autre bus ! Décision un peu folle mais je sais qu’en marchant vite je peux rejoindre le domicile en une heure, contre un temps complétement incertain si j’attends un bus. C’est essoufflé et exténué que j’arrive à 20h00 chez Nyiazi qui en a profité pour préparer un bon repas. La soirée est passionnante, il est ingénieur dans le même domaine que moi, passionné de cyclisme et de course à pied, j’ai l’impression d’avoir trouvé mon double turc ! Discuter de la mécanique des fluides numériques, de comment optimiser les pâles d’un turbocompresseur de fusée, de programme d’entrainement pour un semi-marathon, ou simplement de comment concilier travail, sport et voyage au sein d’une vie d’ingénieur fût diablement enrichissante. Nyiazi ayant pitié de mes cernes, me laissera finalement ses clés pour que je puisse rattraper mon sommeil, et partir en pleine forme vers la Cappadoce. Au réveil, j’apprécie le calme d’un appartement et de tout le confort dont il regorge. C’est bête mais remplir sa gourde d’eau potable – l’eau du robinet ne l’étant pas en Turquie -, utiliser un sèche-cheveux ou bien aller aux toilettes sans verrouiller la porte, sont d’autant de petits plaisirs que je n’avais pas eu depuis bien longtemps. En marchant quelques kilomètres j’arrive à une station-service, endroit idéal pour commencer le stop. Je commence à avoir mon petit rituel pour maximiser mes chances ; je dépose mon sac à dos, je me recoiffe et je sors mon texte traduit pour présenter ma situation en turc. Je me dirige alors vers la première voiture du jour, à milles milles d’imaginer ce qui allait suivre. Un père et son fils m’accepte tout de suite, me font monter dans le véhicule, c’est bon, je roule vers ma destination ! Si heureux de savoir qu’ils vont me déposer à quelques kilomètres du convoité lac de sel, je commence à nouer conversation, tout content et reposé de ma grosse nuit. Kosta et son papa sont originaires d’Antioche, épicentre du séisme. Ils ont tout perdu avec le tremblement de terre : travail, maison et le grand père de Kosta. Ils ne leur restent qu’une voiture avec quelques sacs d’affaires, la situation est absolument tragique et je suis bouleversé. Ce brave homme m’offre un café, des gâteaux et surtout les meilleurs conseils pour bien visiter la région alors qu’il n’a plus rien. Notre discussion est très intéressante, possible grâce au téléphone de Kosta qui nous permet de faire la traduction de nos propos. Mon niveau de turc ne me permet d’avoir que échanges superficiels. Suite au séisme l’homme a perdu son emploi de cuisinier car le restaurant n’est plus. Il a séjourné un mois chez son frère à Ankara mais comme ce dernier ne peut plus l’héberger il traverse l’ensemble du pays pour se rendre chez son cousin qui est prêt à l’héberger pour un temps. Echanges émouvants, propos touchants et réflexions sur la générosité humaine malgré les épreuves s’en est suivi. Au moment de nous séparer, le père de Kosta me glisse un billet dans la poche. Je m’offusque expliquant déjà toute la bonté dont il a fait part. Rien n’y fait, il se fâche et hausse el ton pour me donner de l’argent. C’est tout penaud que j’accepte, je le prends dans mes bras et salue la voiture qui repart, encore interloqué de son insistance. Une fois arrivé sur le lac de

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Cappadoce

Où suis-je ? Je ne sais que dire, tant cet endroit est déroutant, fabuleux et tout simplement magique. Sans doute n’avait-il pas si tort lorsque Gökberk mon ami turc me glissait au moment de nous quitter : “le plus bel endroit du monde”. Scène lunaire digne d’une description biblique, concentré des merveilles d’Asie ou miracle de la nature, difficile de trancher. Si plusieurs des endroits que j’ai pu visiter lors de mon voyage étaient hors du temps, je dirai que la Cappadoce est hors de l’espace, tellement ses paysages ne ressemblent en rien à tout ce que j’ai connu. Aucun paysage, aucune scène, aucun tableau ou aucun rêve ne m’avaient offert un décor de ce niveau.  Cheminées de fées, maisons troglodytes et vallées pétrés dépeignent la vue. Ambre, lilas, doré, bronze ou châtaigne, voici la palette de couleur qui s’offre à mes yeux éblouis.   En me baladant à travers ce décor hors de l’espace, je finis par arriver à Uchisar, l’un des 3 villages de la Cappadoce. Quelques centaines de marches me permettent de m’élever au sommet de la région, tout en haut du château d’Uchisar, à 1350m d’altitude. C’est une fois arrivé sur la plus haute des cheminée que je réalise qu’il est difficile de décrire un panorama de cet ampleur avec des mots…   Le soleil brille, le ciel est dégagé et la région m’offre une vue à 360° à plus de 30 kilomètres à la ronde. C’est plus qu’exceptionnel, c’est prodigieux, c’est fantastique, je dirai même transcendant. Toute la Cappadoce est là. Je peux observer chaque vallée, chaque cheminée, chaque merveille naturelle de cet atoll cabalistique. Hubris de la vue, sensations de percevoir tous les secrets des environs, tous les trésors de la Cappadoce.   Ces cheminées qui transpercent le ciel comme des épées, ces reflets éclatants sur les roches et les grains de sables, ces oiseaux qui tournoient dans les airs, ces monastères enveloppés dans des colonnes de pierres forment un tableau vivant qui m’envoûtent, et m’empêche de faire autre chose que de contempler admiratif, ce chef oeuvre de dame nature.   Au crépuscule j’escalade une petite colline pour arriver sur les hauteurs de Göreme. Je suis loin d’être seul, les touristes que je n’ai pas croisé de la journée ont dû se donner rendez-vous ici pour admirer le coucher de soleil. L’endroit est superbe, je n’aperçois pas seulement la ville, mais également le château d’Uchisar, la vallée des pigeons que j’ai traversée cet après-midi ainsi que les cheminées de fées. Les lumières des demeures s’allument une à une, le muezzin s’occupe de la musique, la lune sort de sa cachette et le drapeau turc flotte fièrement dans le ciel.   Un autre jour, je m’aventure dans des villages souterrains, classés patrimoine de l’humanité. Oh diable, quelle expédition pour un claustrophobe que de se retrouver à ramper dans des galeries de 80 centimètres de haut, étroite comme difficilement on peut l’imaginer et angoissante au possible. Paroxysme de l’angoisse, sensation d’emprisonnement, anxiété et terreur que je dois combattre pour découvrir les merveilles de ces villes à plus de 50 mètres de profondeur.   Pendant 2500 ans jusqu’au début du XXème siècle, des milliers d’âmes logeaient dans ces demeures surnaturelles. Mais que dis-je, ce n’est pas que des habitations, on y trouve des étables, des fours à pains, des lieux pour y fermenter le vin, des églises, des places pour le commerce…  tout ce que l’on peut concevoir dans une ville, mais reclus dans la terre. Ces cités troglodytes renferment bien des mystères, dîtes vous qu’en 3 heures de temps je n’ai exploré que 5% de ce que l’on connaît actuellement de cette cité. Mais les plus fervents archéologues argumentent qu’un réseau de tunnels géants permettrait de relier l’ensemble de ces villes souterraines de la région. il ne reste plus qu’à vous munir de votre torche, de préparer votre fouet et d’aller vous aussi explorer la Cappadoce.   Je ne sais pas si Gökberk a raison en affirmant que c’est le plus bel endroit du monde, je ne suis jamais allé en Océanie ni en Amérique, quasiment pas en Afrique et qu’un tout petit peu en Asie. Tout ce que je sais c’est que son propos n’est pas impossible… Soutenir le projet

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