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Un indien dans la ville

Lorsque je reçois le tampon à la douane de l’aéroport, je ne réalise absolumen pas que je suis bel et bien en Thaïlande. Cependant, en seulement 25 minutes de métro aérien, je change de monde. En effet, je suis propulsé dans un environnement où tout est nouveau : adieu le sous-continent indien et bienvenue en Asie ! Des gratte-ciel à perte de vue, des autoroutes à 8 voies remplies de pick-up, des Thaïs disciplinés ainsi qu’une ville d’une propreté incomparable à la plus entretenue des cités indiennes, mais où suis-je tombé ? En sortant du métro, je suis catapulté dans un mall – centre commercial flambant neuf – où cette fois-ci je crois être en Corée ou au Japon. Opulence, technologie excessive, démesure, objets mignons, inscriptions en caractères chinois ou japonais et usage déraisonné du plastique… En quelques heures, je redécouvre le monde développé qui m’avait quitté depuis si longtemps, ses bienfaits comme ses nombreux défauts. Les klaxons ont disparu, je ne suis plus alpagué pour des selfies toutes les 5 minutes, les vendeurs sont moins insistants tandis que les supermarchés remplacent les marchands ambulants. Ces derniers d’une modernité affolante, ultra-climatisés, présentent une multitude de produits. Je retrouve la possibilité du choix que j’avais perdu en Inde où bien souvent je me contentais de ce qu’il y avait. 40 types de biscuits, 25 sodas différents, 10 tubes de dentifrice ou encore tant d’articles similaires alignés les uns à la suite des autres sur les étagères. La frénésie de consommer est de retour ; c’est même incrédule que je vois un Thaï acheter des bananes vendues à l’unité dans un emballage plastique qu’il s’empresse de glisser dans un autre sachet plastique… Outre ce changement brutal d’univers, la Thaïlande ne ressemble en rien à ce que m’avaient raconté mes parents. Ces derniers ayant visité le pays il y a plus de 30 ans m’avaient décrit des Thaïs à vélo pédalant sur des chemins de terre, se contentant d’un bol de riz et semblant n’attendre leur salut que des dollars des quelques touristes occidentaux. Tout est différent aujourd’hui. Les enfants des Thaïs qu’avaient vu mon père et ma mère se déplacent à présent en Toyota, possèdent des restaurants, des resorts, des usines et ne se privent pas pour manger des hamburgers, des pizzas ou même des barbecues. Les Bangkokéens sont tous habillés pareil, que ce soit en jean, en costume ou en t-shirt, bref à l’américaine. Les femmes, avec leurs tenues bien moins couvrantes qu’en Inde ou dans les pays musulmans, me laissent perplexes, elles se ressemblent – ou s’imitent ? – toutes. Le florilège de couleurs qui était devenu ma norme s’évapore brusquement. J’ai même l’amère sentiment que je pourrais trouver les mêmes vêtements sur les jeunes Londoniennes ou Parisiennes… Comme dans le Sud de l’Inde, le développement économique et l’afflux de richesse conduiraient-ils à une américanisation du monde ? Ces grandes villes semblent toutes se ressembler et je m’empresse de quitter la capitale d’un pays, bien plus riche que je ne le croyais. Conducteurs de pick-up, de 4×4 ou de poids lourds me font parcourir les 700 km qui séparent de la frontière laotienne. Au fil des conversations, j’apprends que converser en voiture n’est pas la norme, le silence n’est pas gênant comme c’est le cas dans tant de pays. Nombre de mes conducteurs se contentent de sourire, hocher la tête ou de me glisser un petit “yes” de temps à autre. À leurs côtés, je traverse des plaines où la nouvelle religion semble être la consommation. Les panneaux publicitaires ont des dimensions de plusieurs vingtaines de mètres et ce tous les 500 mètres sur l’autoroute. Ils dénaturent un paysage luxuriant qui recule peu à peu face à l’homme et les réclames pour des iPhones ou des voitures. Les villages ou petites villes thaïlandaises semblent eux aussi jouir de l’aisance financière du pays. En revanche, tout est pensé pour se déplacer avec un véhicule, à l’image de Khon Kaen. Ici, l’hypercentre est composé d’un gigantesque carrefour, d’un centre commercial, d’un parking immenses et de nombreuses autoroutes partant dans toutes les directions. Le véritable “centre-ville” est à l’écart, et les lieux animés fleurissent sous les ponts des routes aériennes. Le mall comporte quant à lui une dizaine de restaurants, mais aucun ne propose de la cuisine thaïlandaise. À la place, je suis devant des échoppes japonaises, chinoises, coréennes, indonésiennes, italiennes, américaines… Les prix sont similaires à l’Europe. Je quitte donc la Thaïlande – que je retrouverai après la mousson – pour partir à l’assaut du Laos. Tout du moins, c’est ce que je croyais. En arrivant à Vientiane, j’arrive par hasard dans une auberge de jeunesse comportant 25 dortoirs, avec piscine, restaurant, salle de sport et offrant même de l’alcool pendant les “happy hours”. Presque toutes les nationalités sont représentées, et je me sens vite mal à l’aise face à des touristes profitant plus des bières pas chères que du charme véritable du pays. Partir à l’autre bout du monde pour réaliser une activité que l’on pourrait faire dans sa ville m’épatera toujours. Je réalise aussi que je n’ai jamais vu ce type de “touristes” en 4 mois à travers l’Inde. Je croisais des voyageurs là-bas, pas des touristes. L’Inde semble être un pays si spécial, si différent qu’on ne l’aborde pas comme un “pays de plus à visiter”. Les gens étaient des passionnés, que ce soit par l’histoire, la religion, le yoga, la cause humanitaire… Ici bien des étrangers se contentent de faire la fête, à l’image des musées ou temples de la ville qui sont déserts, contrairement à la piscine de l’auberge. Avoir quitté le monde occidental – ou développé au sens économique – pendant plusieurs mois, j’ai un nouveau regard sur tant de choses qui semblent absurdes pour qui n’y a jamais été confronté. En s’éloignant le plus possible de ce que l’on connaît, on retourne comme étranger dans un monde qui était le nôtre. Déshabitué de nos conceptions et des automatismes qui font notre quotidien, on redécouvre

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La vie est belle

Mes aventures en Inde touchent à leur fin. Après 3 mois et demi à explorer tous les recoins du pays, parcourant près de 11 000 km à la seule force du pouce, je m’apprête bientôt à rejoindre la Thaïlande pour poursuivre mon voyage. Cependant, les circonstances m’obligent à prendre l’avion. La Chine a refusé de me délivrer un visa, la Birmanie maintient ses frontières terrestres fermées, et le golfe du Bengale infesté de pirates, ne semble pas être une meilleure alternative. Ainsi, il me reste encore quelques jours à Calcutta pour explorer la ville avant de prendre l’avion. Mais le destin en a décidé autrement, et dès le lendemain de mon arrivée, une série de rencontres fortuites m’entraîne vers une expérience inattendue à la maison de mère Teresa. Que savais-je de mère Teresa avant d’arriver ici ? Qu’il s’agissait d’une bonne sœur albanaise ayant consacré sa vie à aider les “pauvres parmi les pauvres” dans les bidonvilles de Calcutta ? C’était à peu près tout. Ce dont je ne me doutais pas, c’est que son institution, “les Missionnaires de la Charité”, regroupe près de 800 centres répartis dans plus de 100 pays à travers le monde. Son héritage est colossal, comme en témoignent les multiples statues et images que l’on peut trouver d’elle partout dans l’ancienne capitale indienne. Le respect dont elle jouit de la part des hindous et des musulmans est saisissant, ces derniers n’hésitant pas à afficher des portraits d’elle dans leurs échoppes. Je prends conscience de l’ampleur de son influence, bien au-delà du domaine chrétien. Suivant les conseils de Giulia, ma voisine de dortoir, j’arrive le lundi matin à 7h devant l’ancienne demeure de Sainte Teresa de Calcutta. Je découvre avec admiration sa tombe, d’une simplicité remarquable, ainsi que sa chambre à coucher, tout aussi humble. Ensuite, on me dirige vers une petite salle où je fais la connaissance d’autres volontaires. Nous sommes répartis dans les différents hospices en fonction des besoins du jour. “Tu iras à Prem Dam, frère Lucas,” m’indique la sœur supérieure. Le trajet de deux kilomètres nécessaire pour rejoindre le centre me permet d’échanger avec les autres volontaires. Comprendre ce qui les motive à venir en aide aux démunis dans une ville tentaculaire de 20 millions d’habitants est passionnant à mes yeux. Je me lie d’amitié avec Mickaël, un Californien de 21 ans qui s’est converti l’année précédente et se consacre depuis à la pénitence, Charlotte, une Française qui vient d’achever ses études et offre son aide aux sœurs pendant un mois, ainsi qu’Amrit, un étudiant de Calcutta qui vient prêter main-forte une fois par semaine. Bien que leurs parcours soient variés, l’envie commune de servir les plus défavorisés, ainsi que la foi catholique les unissent. Lorsque les portes de Prem Dam s’ouvrent devant moi, je découvre une immense maison de retraite abritant 400 résidents. Les tâches à accomplir sont nombreuses : étendre le linge, refaire les lits, plier les vêtements, faire la lessive, servir les repas, donner à manger, administrer les médicaments… Pendant ma première matinée de service, je passe d’une tâche à l’autre, écoutant les instructions des sœurs, des employés et même des bénévoles plus expérimentés. L’ambiance et la ferveur qui émanent de cet endroit me touchent profondément. Mettre des sourires sur les visages, échanger avec les volontaires tout en apportant mon aide à une institution plus que respectable me satisfait pleinement. L’après-midi, en revanche, est plus bouleversante : je découvre le “mourroir” de Kalighat. Tout d’abord, je prends connaissance du terme “mourroir,” qui m’était inconnu. Le premier centre ouvert par Mère Teresa avait pour vocation de prodiguer de la dignité aux mourants. “Toute ma vie j’ai vécu comme un chien, grâce à vous je meurs comme un ange.” Cette remarquable citation d’un homme à l’article de la mort à la patronne des lieux reflète magnifiquement l’idée originelle de Mère Teresa : redonner une dernière fois de l’amour-propre et de l’honneur à des hommes dont la vie les en avait privés. Aujourd’hui, je suis le seul bénévole. N’ayant pas de consignes claires, j’entre dans les lieux et je me retrouve face à la salle principale du “mourroir” : 50 lits tous collés les uns aux autres. Devant moi gisent des personnes inconscientes, des handicapés sévères, des hommes remplis de pustules, des amputés, des gâteux et des fous. Tous sont alités, souffrant et ne manquent pas de gémir ou de crier. Je traverse le dortoir, submergé par la détresse et la misère de ces individus. Un panneau attire mon attention, indiquant que quatre personnes sont décédées la semaine précédente, suggérant une espérance de vie très limitée en ce lieu. J’ai bien peur que tous les individus que je dévisage ne sortiront de ce lieu que les pieds en avants. Soulever des malades, apporter les médicaments et nourrir quelques personnes en difficulté, voilà mes activités à Kalighat. Malheureusement, les tâches se révèlent rapidement plus compliquées que prévu. J’apporte les antibiotiques, mais une fois le dos tourné, l’un des patients les saisit et avale les pilules de son voisin. La sœur panique, il faut rapidement administrer un contre-traitement et donner la dose correcte au bon patient. Le repas n’est pas plus aisé, le vieillard que je nourris manque de s’étouffer à chaque cuillerée que je lui donne, tandis que l’épileptique à côté renverse son thé bouillant sur son camarade. Je réalise alors l’abnégation et le courage incommensurables des sœurs, vivant dans cet enfer. Porter leur croix au quotidien, voilà leur dévouement et leur mission. Ce lieu ne cesse de me retourner et de me hanter tout au long de la journée. Qu’attendent ces gens, sinon la mort ? L’amputé qui hurle sans interruption reçoit du Doliprane, tandis que la plupart des gens mettent près d’une minute pour avaler une cuillère, un temps bien trop long pour les sœurs ou les volontaires s’ils veulent nourrir tout le monde convenablement. Les pannes de courant sont également fréquentes, privant certains malades de soins à des moments critiques. Mère Teresa en a fait les frais ; un simple

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Le Gange

La mystique vallée du Gange ! Enfin, m’y voilà ! J’aurais tout de même attendu d’entrer dans mon 4ème mois de découverte de l’Inde pour admirer de mes yeux ce fleuve légendaire. Prenant sa source dans les montagnes de l’Himalaya, il s’écoule sur 3000 km avant de se jeter dans l’Océan Indien, au Sud de Calcutta. Il a aussi cette drôle particularité de posséder un débit 60 fois supérieur en pleine mousson comparé à la saison sèche. J’ai la chance de le contempler lorsqu’il est en crue, dans sa pleine puissance, charriant alors tuk-tuks, cadavres, végétaux et autres détritus d’une Inde indigeante. Mais revenons aux sources, plus particulièrement à la Yamuna. Autre rivière sacrée, c’est le principal affluent du Gange serpentant à Delhi, Vrindavan, Agra et Allahabad, ville où cette dernière se jette dans le mythique Gange. Souhaitant au plus vite m’extirper du capharnaüm d’une ville de 40 millions d’habitants, je retrouve à Vrindavan – en banlieu de Mathura – 8 millions d’Hindous venus célébrer le 5250ème anniversaire de Krishna. Pendant 2 jours, je suis bousculé, chahuté et malmené dans un attroupement, dans une foule, dans une pagaille qui n’en finit pas. Absolument partout, il y a des milliers de gens et j’ai grand-peine à trouver des endroits au calme. Les seules rues où il n’y a personne sont infestées de macaques qui ne manquent pas de me sauter dessus à la moindre occasion. J’en arriverai presque à regretter la tranquillité du Népal ! Après ces péripéties, je me dirige vers le temple ISKON – Association internationale pour la conscience de Krishna. Une fois déchaussé, je découvre ébahie des cohortes d’Indiens dansant, chantant et quelques fois priant dans un sanctuaire à l’ambiance bien festive. J’apprends en échangeant avec eux que certains ont fait 20 heures de bus pour venir ici seulement l’espace d’un après-midi. Leur ferveur est magnifique, pour ne pas dire captivante. Certains tapent dans les mains, d’autres essaient de lancer de nouveaux chants à la seule force de leurs cordes vocales, bref j’ai l’impression d’être projeté dans une boîte de nuit et non un lieu de culte. Voyant cela, j’intègre un groupe de quelques jeunes gens qui, me voyant me déhancher, appellent aussitôt leurs compagnons. En l’espace de quelques instants, je suis entouré d’une trentaine d’Indiens qui ne mollissent pas de m’applaudir lorsque soudain l’un d’eux me soulève. J’exulte ! Les fidèles que je continue d’harranguer semblent tous être en transe ! Il y a désormais une cinquantaine de personnes autour de moi, me filmant et essayant de capturer un cliché en ma compagnie. Profitant d’être dans les airs je réalise qu’à perte de vue, tout autour du temple, dans toutes les allées, les gens sont en train de faire la fête. Je comprends mieux pourquoi il s’agit d’un anniversaire. Rejoindre la liste de diffusion Quelques coups de pouce supplémentaires me permettent d’arriver à Agra, la cité du Taj Mahal. Figurant parmi les 7 merveilles du Monde, le monument faisant office de tombeau abrite les dépouilles de Shah Jahan et de son épouse. Conçu comme un moyen d’accéder au paradis – le plateau représentant la terre, les grandes arches les portes du paradis et la coupole comme le paradis ou Dieu. Tout de marbre revêtu, le chef-d’œuvre semble simplement parfait. Que ce soit dans ses couleurs, ses formes, ses symétries et l’organisation du complexe environnant, tout est merveilleux et on ne se lasse pas de l’examiner, d’en apprécier chaque détail pour s’émerveiller de chacun de ses recoins. On peut même traverser la Yamuna qui coule à ses pieds pour avoir une superbe vue de l’autre côté ! Je reprends l’autostop en optant principalement pour des voitures, connaissant la mauvaise réputation de l’Uttar Pradesh. Politicien, colonel de l’armée, mécanicien, commercial, ingénieur ou encore un banquier me permettent de relier Allahabad. J’en apprends encore plus sur les disparités qui règnent dans la région et en titillant légèrement mes conducteurs, j’apprends le rôle central de la corruption dans cet état, expliquant sans doute les immenses inégalités. Par exemple, Rama est collecteur de fonds pour le parti politique du président. Ils sillonnent la région en quête de dons d’entreprises, qui ne manquent pas de s’y retrouver par la suite grâce aux avantages accordés par les responsables politiques. À la confluence de la Yamuna et du Gange se trouve Allahabad – littéralement la cité de Dieu. En me rendant à l’endroit précis où se rencontrent les deux fleuves, je fais face à un immense marché ou bidonville tenu par les intouchables, vendant toutes sortes d’offrandes pour les dieux. Noix de coco, colliers de fleurs, encens, bonbons, cadres, coupoles… on y trouve même des jerricanes afin de pouvoir emporter avec soi un peu du fleuve sacré. Je suis, évidemment, sans cesse harcelé par les mendiants, les vendeurs en tout genre ou les hommes proposant des excursions en bateau. C’est lieux sacrées renferment à eux seuls tout le meilleur et le pire de l’Inde : une tradition millénaire des plus impressionnantes couplés à une pâuvreté exacerbé, poignante et déchirante. M’avançant toujours plus près de la confluence, je remarque un semblant de ville flottante. Monnayant un pêcheur, ce dernier me dépose sur la plateforme où je suis vite accueilli à bras ouverts. On me fait asseoir, on me fait bénir une noix de coco avant de me demander de m’immerger dans le fleuve 3 fois : pour le Gange, pour la Yamuna et pour mes parents. Je verse ensuite un peu de lait dans l’eau puis je jette les coco qui disparaissent rapidement du fait du courant. Une cérémonie presque loufoque mais en observant autour de moi, je découvre que de nombreux couples viennent ici se marier ou tout du moins se jurer fidélité. Grâce à un homme ayant fait fortune dans les tapis et les chaises de bureau, j’arrive à la célèbre ville de Varanasi. Ville longtemps fabulée, assez souvent rêvée, on me l’a tantôt présentée comme la ville de Shiva, la ville la plus ancienne du monde ou encore la ville où on

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Le Népal au delà des apparences

Sérénité, tranquillité et majesté. Voilà ce qui m’envahit l’esprit lorsque je franchis le poste-frontière indo-népalais, les étoiles plein les yeux, impatient de découvrir le pays de l’Everest. Ce poste est d’ailleurs bien différent de ceux qu’on trouve en Asie centrale où j’étais bousculé au milieu d’un troupeau d’une centaine de personnes. Les gens se repoussaient de tous les côtés et n’hésitaient pas à s’insulter de temps à autre pour doubler ou éviter de l’être. Ici, un petit cabanon faisant office de bureau de l’immigration permet de faire tamponner mon passeport et d’acquérir mon visa, tout simplement. Après un détour à Lumbini – lieu de naissance de Bouddha – je quitte la vaste plaine du Gange pour me lancer à l’assaut de l’Himalaya. Dans une atmosphère brumeuse, les collines se transforment en montagnes et je suis enveloppé d’une végétation luxuriante. Les petits villages émergent à l’horizon, accompagnés de rizières en terrasses, de cascades et bien évidemment des rabatteurs de bus. Ces derniers ne comprennent pas comment un voyageur, armé seulement de son pouce, peut envisager de traverser l’Himalaya. Il est vrai que les Népalais ne possèdent pas de voiture personnelle. Les scooters et les motos sont donc mes seuls espoirs de traverser le pays. L’attente est plus longue, le trafic plus rare, et les Népalais qui s’arrêtent ne me prennent pas toujours, prétextant qu’ils ne vont pas assez loin pour m’aider. Je réalise alors la véritable ampleur du défi qui m’attend pour parcourir les 200 kilomètres me séparant de la frontière jusqu’à Pokhara. Sur une route vertigineuse perchée à plus de 2000 mètres d’altitude, entourée de sommets olympiens, minée de crevasses, parsemée de glissements de terrain et traversée par une multitude de ruisseaux formés par la saison des pluies, l’autostop est perçu par les locaux comme impossible. C’était sans compter que “impossible” n’est pas français. Armé de courage et mettant en pratique toutes les techniques que l’autostop m’a enseignées en 7 mois d’aventure, je réussis cette traversée en une seule journée. Avançant de village en village, de vallée en vallée, cramponné à des deux-roues ne dépassant que rarement les 30 kilomètres par heure, je suis émerveillé à chaque tournant dévoilant un nouveau panorama que dame Nature m’offre. Ce décor superbe, entre jungle et montagne, transforme les temps d’attente en moments de contemplation de cette flore exceptionnelle. Pokhara, quant à elle, se révèle être intrigante, si ce n’est déconcertante. La rue principale est jalonnée d’une centaine de restaurants, du même nombre d’hôtels, d’une quarantaine de bureaux de change, d’une vingtaine de salons de massage, et d’autant de centres d’excursion. Rien ne semble authentique ni traditionnel. Quelques voyageurs à l’allure hippie déambulent d’un café à l’autre, savourant des plats que l’on pourrait trouver partout dans le monde : pizzas, bières, frites, burgers et pancakes. Comment se sentir immergé dans la culture lorsque rien ne fait allusion au pays dans lequel on se trouve ? Rien n’est écrit en népalais, tandis que tout le monde est bilingue. Ces petits tracas linguistiques aident l’esprit du voyageur à se sentir à l’écart et dépaysé. Mais comment peut-on se sentir étranger dans un tel contexte ? Comment ressentir l’âme du Népal lorsque rien ne rappelle ce pays dans les rues ? Une fois au bord du lac, désireux de me ressourcer, je suis sans cesse harcelé par les rabatteurs de barques proposant d’aller faire un tour sur l’eau. Mais ils sont une cinquantaine, parsemés tous les 10 mètres, à proposer le même service… Pokhara me donne l’impression d’être Truman, bloqué dans une ville imaginaire, artificielle et conçue spécialement pour le touriste que l’on voudrait que je sois. Tous les stéréotypes que l’on m’a rabâchés sur le Népal s’effondrent les uns après les autres. Il semble que la ville ait été conçue principalement pour accueillir un tourisme de masse, ce qui rend mal à l’aise un jeune aventurier se déplaçant gratuitement et optant pour l’hospitalité des habitants. Comparés aux Indiens, les Népalais donnent l’impression d’être plus réservés, n’engageant la conversation avec moi que dans le but de conclure une transaction financière. Certes, le personnel des chambres d’hôte arbore un grand sourire, tout comme les chauffeurs de tuk-tuk qui sillonnent la ville. Mais ceux que je croise par hasard en dehors de ces zones ne semblent pas partager la même chaleur que leurs voisins indiens. Cette impression vient confirmer ce que j’ai ressenti lors de ma traversée des petits villages, où je suis moqué par les enfants qui me voient candidement comme un pauvre vagabond incapable de payer un ticket de bus. C’est la première fois que ça m’arrive, d’être méchamment taquiné par des enfants. D’habitude si curieux, si amusants, joviaux et bienveillants à mon égard, ici c’est l’inverse. Quant aux restaurateurs, ils prétendent qu’ils n’ont plus rien à manger : “Eh, avec les œufs là, tu ne peux pas me faire une omelette s’il te plaît ?” “Non, ce n’est pas pour toi, il n’y a rien pour toi ici”, me répond sèchement un cuisinier une fois. En ce qui concerne l’hébergement, il semble inconcevable de dormir dans un temple, une école ou même d’étendre son matelas dans une petite maison. Bref, les étrangers sont perçus comme des portefeuilles sur pattes au Népal. La pauvreté brutale et soudaine qui frappe le Népal pourrait expliquer ces mentalités et ces attitudes. Les prix y sont deux à trois fois plus élevés qu’en Inde voisine, alors que le PIB par habitant n’est que de moitié. J’ai eu l’occasion d’échanger avec de nombreux habitants pour tenter de comprendre cette énigme, et la réponse était toujours la même : le gouvernement se repose principalement sur les droits de douane prélevés sur les produits importés. Ils ont le mérite de remplir les poches des amis du président, mais vident les économies de tous les habitants du pays. C’est pourquoi tous les Népalais qui m’ont pris en auto-stop ont un membre de leur famille qui travaille à l’étranger, surtout en Europe. La situation actuelle semble insoutenable pour eux, que ce soit pour les chauffeurs

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48 heures au Purgatoire

Grâce à une poignée de routiers roulant les nuits durant – je dors sur leurs banquettes – j’ai réussi l’exploit de parcourir 1700 km en 48 heures. Je dis bien “exploit”, car sur des routes où l’on ne dépasse pas les 50 km/h, minées de crevasses béantes, d’une circulation incessante et de péages à n’en plus finir, parcourir une telle distance relève du miracle. Une sensation de fierté a fait irruption en moi quand je quitte mes deux camionneurs, je suis allé plus vite que les bus qui parcourent cette distance en près de 3 jours ! C’est exténué, affamé, sale et sans grand repère depuis 2 jours que j’arrive en Uttar Pradesh. C’est un territoire dont la superficie est trois fois moindre que celle de la France, mais qui abrite une population colossale de 250 millions d’êtres, soit près de 3% de l’ensemble de l’humanité : une fourmilière géante. Le choc est brutal, je suis propulsé dans un décor endiablé, frénétique et presque oppressant qui se dresse en contraste à cette Inde du Sud si paisible et si calme. La chaleur, la densité démographique ainsi qu’un chaos de la circulation rendent une traversée “éclair” comme je l’imaginais des plus ridicules. Tous les sens sont affectés dans cette cacophonie qui ravive les souvenirs de mon arrivée en Inde… En ce lieu, je suis le centre de l’attraction, tout le monde me fixe, me hurle dessus ou me klaxonne. Les motards s’arrêtent pour prendre des selfies, les mendiants me courent après pour une pièce, les vendeurs à la sauvette m’empoignent le bras tous les 30 mètres ; j’étouffe ! La pauvreté s’exhibe dans toute sa cruauté, l’insalubrité atteint des sommets inimaginables et les villes regorgent de millions d’âmes qui entament chaque jour dans l’incertitude du contenu de leur prochain repas. Ces agglomérations tentaculaires, aux dimensions hors normes, provoquent le sentiment d’une dystopie et de folie humaine. Kanpur en est bien l’illustration. Ville inconnue en dehors d’Inde, mais grande comme deux fois Paris et qui n’en finit pas. Les cheminées des complexes pétrochimiques, les usines textiles et les centrales à charbon assombrissent le ciel et occultent le soleil. Six deux-roues me sont nécessaires pour traverser l’interminable autoroute suspendue coupant la ville. L’Uttar Pradesh, vaste mosaïque de mégapoles “monstres” où les fumées, les klaxons et l’inhumanité l’emportent sur l’essence même de l’humain. La fonction même de la route n’a plus de sens ici. C’est un lieu de vie où l’on commerce, on discute, on se repose et où parfois on se déplace ! Des jeunes squelettiques dorment à même le bitume entourés de nuées de mouches, tandis que les bouchers découpent une viande rosâtre qui empeste toute la rue. Les poulets et les chèvres se lancent dans des poursuites folles dans les ruelles, tandis que les vaches sacrées se muent en régulateurs de circulation, transformant les carrefours en ronds-points. Rejoindre la liste de diffusion Qui arrêter dans tout ce tumulte ? Cet homme qui roule à contresens avec sa mobylette ? Le vieux rickshaw qui est au bord de l’agonie sur son vélo ? Un tuk-tuk où sont entassés une douzaine d’Indiens ? Les jeeps appartenant aux officiels du gouvernement qui filent à toute allure ? Les camionnettes grâce auxquelles plusieurs individus voyagent en s’agrippant au toit ? Les pères de famille qui cramponnent leurs nourrissons sur leurs épaules ? Les fermiers qui fouettent leurs bœufs ? Ce cornac sur son éléphant qui tire une charrette de bois ? Ou bien la horde de scooters, tous plus décrépits les uns que les autres, ne faisant souvent pas plus de 2 km ? Je choisis alors de ne lever le pouce que pour les voitures, bien conscient que je ne peux pas réaliser 600 km à coup de quelques encablures par ci par là. L’attente est plus longue qu’à l’accoutumée, mais le pari est gagnant. J’embarque dans les véhicules climatisés – à l’extérieur c’est une fournaise de 42°C qui règne – de jeunes entrepreneurs de la trentaine qui font tourner leur “business”. Anil, Kharan, Sohan se déplacent certes en voiture, mais surtout ils travaillent. Aller démarcher des clients, prélever les caisses de leurs stations-service ou prendre des contacts pour de futures affaires, je réalise qu’aucun d’entre eux utilise la voiture de sa société. Le tout étant bien sûr ponctué de pauses thé ou de repas en famille. À travers les échanges avec ces jeunes chefs d’entreprise, je réalise que le salaire minimum est de 2 € par jour ici, cinq fois inférieur à ce qu’il y a dans le sud. Comment subsister avec une telle somme ? 2 €, c’est juste suffisant pour deux litres d’essence, trois assiettes de nouilles, quatre mangues ou alors une chemise. Bref, c’est trop peu pour vivre ! C’est pourquoi bon nombre de ces Indiens n’ont pas d’autre choix que d’élire domicile sur leur lieu de travail. Ils y prennent leurs repas, y trouvent leur sommeil et dispensent de leur temps libre. La frontière entre la vie privée et la vie professionnelle n’existe plus. C’est le cas des six pompistes de Sohan qui vivent à la station-service en permanence. Certains roupillent, d’autres servent les clients et quelques-uns sont sur leurs téléphones. La surpopulation, véritable fléau de la région, a engendré, au cours de la dernière décennie, l’incorporation d’une quantité d’habitants comparable à celle de la France. Sohan justifie l’embauche excessive de personnel en soulignant que cela leur offre une opportunité de travail, et sans cela, la famine les guetterait. L’État surpeuplé ne procure pas assez de débouchés et le chômage vient ajouter un peu plus de malheur dans le quotidien de ces damnés, obligés d’occuper des emplois les privant de toute vie personnelle. Ici, leur existence revient à survivre. Le système social français semble être une douce utopie, un rêve inenvisageable pour tous ces intouchables. Ces malheureux se contentent bien souvent de leur sort. Serait-ce le prix à payer pour réparer les péchés de leur vie passée et suivre le chemin de leur rédemption ? Pendant que Sohan

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Je viens du Sud

« Je viens du Sud et par tous les chemins j’y reviens » – Michel Sardou Ici, on ne joue plus au cricket mais au foot. Les clochers fleurissent dans les villages des campagnes, les voitures remplacent les scooters sur les routes, cette fois-ci bien bitumées. Parler anglais est la norme, tandis que le café fait son apparition sur les cartes des restaurants. J’ai même trouvé des Indiens allergiques au gluten ! Mais où suis-je tombé ? Particularisme régional, influence occidentale ou mode de vie du XXIème siècle ? J’ai la chance d’être hébergé chez Hari, un jeune étudiant en français qui me révèle toute cette métamorphose du Sud du pays. Il m’a contacté sur les réseaux pour m’accueillir et me faire découvrir sa ville de Coimbatore. Il part en septembre prochain à Bordeaux pour effectuer une licence de management et souhaite bien profiter de la nouvelle possibilité d’obtenir un visa de 5 ans pour les étudiants indiens, annoncé le mois dernier par le Premier ministre indien de visite en France. Hari est passionné par la France, dont il a appris la langue en moins de 3 ans – il a commencé pendant la pandémie – et il se montre d’une excellente précision pour répondre à mes questions et dissiper mes conceptions. Ici, l’école est obligatoire, on ne vit pas avec tous les membres de sa famille chez soi, et se marier avec des personnes hors de sa caste n’est pas vraiment dérangeant ; « qui porte encore de l’importance à ça ici ? » me lance Hari. Il est vrai que les différences physiques entre individus sont moins prononcées et la caste ne fait plus partie du nom de famille : « heureusement, on ne nous colle pas une étiquette comme dans le Nord », me dit-il en souriant. Notre discussion au bord d’un lac bleu azur et sous un bon soleil s’éternise pour mon plus grand plaisir. Il m’explique qu’il va au temple, mais c’est principalement pour l’ambiance plutôt que par piété religieuse. Il y a même un crucifix chez lui ; « nous avons des millions de dieux, pourquoi pas un de plus avec Jésus ? » me dit-il en plaisantant ! Hari s’est rarement aventuré au Nord de l’Inde, c’est trop rural et pas assez développé pour lui. S’il s’installe hors de sa région, ce sera en Europe ou en Amérique. Je n’en reviens pas, tant de contrastes avec tout ce que j’ai vu pendant 2 mois. Une question me tourmente alors l’esprit et m’empêche de dormir sereinement ce soir-là : le Sud serait-il le précurseur d’un effondrement de la société indienne telle qu’on la connaît ? Au cours des 50 dernières années, la culture locale s’est lentement effacée à l’image du système des castes qui a reculé. De plus on porte moins d’importance au karma tout en s’occidentalisant à vitesse grand V. Cette influence va-t-elle se propager dans le nord ? Le mode de vie « à l’indienne » est-il sur le point de disparaître? Je reprends l’autostop, plus désireux que jamais de mener l’enquête et d’éclaircir ce sujet. Les scooters se succèdent et j’en bénéficie pour regarder le paysage ; les maisons sont copiées sur les villas européennes, des croix trônent au sommet de chaque montagne et l’un de mes conducteurs, discutant anglais avec sa femme, se justifie par : « ça fait plus classe, tu comprends Lucas ? Ça démontre un certain statut ». Pendant les nombreuses pauses thé, je découvre qu’on le sert comme en Grande-Bretagne, finies les épices et le “massala chai”. Le sel et le poivre font leur apparition sur les tables des restaurants, tout comme les verres, on ne boit plus directement depuis la cruche. On peut également noter que la viande est bien plus présente, presque plus personne n’est strictement végétarien et les Hindous ne manquent pas de s’aventurer dans les quartiers musulmans pour manger du bœuf ! Je continue mon exploration du Kerala en assistant à la fête nationale de l’indépendance du pays et en explorant Munnar, une cité touristique au milieu des plantations de thé. Les paysages des terrasses à thé allant du jade à l’olive colorent les environs de la bourgade. Je m’aventure sur les hauteurs en évitant les quelques gardiens qui me font bien comprendre que je n’ai rien à faire là, mais où je réussis à arriver, le spectacle est encore plus admirable. Je contemple à plus de 20 kilomètres à la ronde les plantations en guettant les ouvriers agricoles qui commencent la récolte. Cascades, pics rocheux, routes sinueuses ponctuent le reste du décor. À Munnar, comme dans le reste du Kerala, je fais face à une accumulation de preuves abondant dans le sens d’un Sud plus riche, plus prospère et surtout plus occidental. Les magasins et les produits proposés témoignent aussi de ce changement d’air ; ici on vend du parfum, du chocolat, du thé blanc, des huiles essentielles, des pâtisseries ou même des iPhones dans de véritables boutiques Apple. Les vendeurs à la sauvette et les grands-mères essayant de vendre deux bananes et trois noix de coco ont disparu. Tout cela ajouté à un climat sensiblement méditerranéen dégage une sensation de bien-être absolu, faisant flotter un doux parfum de « monde connu ». Ce ressenti de retour à la maison atteint son paroxysme à Pondichéry où cette fois-ci je ne me sens pas en Europe du Sud mais bel et bien en France ! Ville fantasmée en métropole, c’était à mes yeux une étape incontournable de mon périple en Inde. Je l’ai souvent rêvé, imaginé, fabulé, mais quelle stupéfaction, quelle joie, quel émerveillement lors de mes premiers pas dans l’ancien comptoir français quand j’ai réalisé que tout était vrai ! Les passants discutent dans la langue d’Hugo sur les trottoirs tout en déambulant dans une ville à l’architecture et à l’organisation bien françaises. Les enseignes des magasins, les restaurants et les noms des rues sont tous en français. Je ne manque pas de repérer le drapeau tricolore qui surplombe l’ambassade, le lycée

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Le premier pays musulman au monde

Avancer, avancer et avancer. C’est le mot d’ordre qui occupe mon esprit ce matin lorsque je tends le pouce devant chez Shivam, mon hôte de ces derniers jours. J’ai 1100 km à parcourir pour relier Nagpur à Bangalore. Le GPS prédit 22 heures et je sais qu’en fonction de ma bonne étoile, deux jours peuvent se muer en une semaine. Un gigantesque contre-la-montre démarre avec Yussuf, qui m’emmènera en périphérie de la ville sur son scooter. Les véhicules se succèdent, la pluie est battante et j’ai le sentiment de ne pas avancer. Il est 15 heures et je n’ai fait que 80 kilomètres. Les changements de véhicules incessants ainsi que les temps morts où je me protège de la pluie – et donc où je n’essaie pas d’arrêter les voitures – me font perdre un temps fou. Bien sûr, c’est sans compter qu’un conducteur sur deux m’offre une tasse de thé ; bref, je ne suis pas près d’être à Bangalore. J’aimerais bien trouver une voiture comme entre Bombay et Nagpur, mais il n’y en a pas ici, il n’y a que des camions et des scooters. Les villes sont trop espacées dans cette région et les personnes ayant les moyens n’hésitent pas à prendre l’avion. Je décide alors de changer de stratégie et de tendre le pouce uniquement pour des camions. Je trouve rapidement un conducteur, mais celui-ci ne dépasse pas les 40 km/h. Avec les montées, les pauses thés et autres, nous ne faisons que 50 kilomètres en deux heures. Je n’en peux plus ; ma hantise se réalise ! Je suis exténué et sors du véhicule, le camionneur ne me posant pas plus de questions que cela. Quelques autres scooters me permettent de rejoindre la bourgade d’Ichoda à la nuit tombée. En 10 heures, je n’ai parcouru que 220 kilomètres, c’est mon pire record en 6 mois. Aussitôt déposé de la moto, une trentaine d’Indiens m’entourent et me harcèlent de questions dans leur dialecte, incapables de concevoir que je puisse parler une autre langue. Fort heureusement, Aleem, le fils du forgeron du village, parle un anglais suffisant pour que je puisse lui expliquer ma situation : je cherche un toit. Il m’annonce qu’il n’y a pas d’hôtel et quand je lui glisse l’allusion que je dors souvent chez l’habitant, il me rétorque rapidement : mais qui te ferait confiance ici ? Quelle douche froide ! En regardant plus attentivement autour de moi, je remarque que tous les hommes sont barbus, beaucoup portent la chéchia – petit couvre-chef blanc en tissu – et qu’il n’y a aucune femme dans l’espace public ; je suis en terre musulmane. Face à l’impasse, je sors l’article de journal de mon aventure, dévoile mon compte Instagram et étale la carte de mon voyage. La foule s’empresse de déchiffrer ces informations grâce à quelques ados qui traduisent aux plus anciens qui ne parlent que leur langue régionale. Aleem change de regard, ses amis aussi, et il m’invite au restaurant pour discuter de tout ça, me déclarant au passage que ce ne sera pas compliqué de me loger. Quel tour de force ! Qui aurait cru que les réseaux sociaux pourraient me tirer d’affaire ainsi ? Le ventre bien rempli de poulet – la première fois depuis 3 semaines, c’est au moins l’avantage des cités musulmanes – nous partons à la Mosquée, demander à l’Imam si je peux y résider. Accompagné par tous les jeunes du village, ce dernier accepte volontiers. Me voilà sauvé et prêt à passer dans les bras de Morphée sur la douce moquette de ce lieu de culte. Rejoindre la liste de diffusion 5h du matin, je suis réveillé par l’appel du Muezzin. Nuit plus courte qu’à l’habitude, mais je ne vais pas faire mon difficile. Un quart d’heure plus tard, la mosquée est quasi pleine et je peux assister aux rituels islamiques de si bon matin. Asim, un fidèle, m’invite chez lui pour prendre le petit déjeuner : un ragoût de bœuf avec des galettes, le tout à 6h. Asim, d’une gentillesse infinie en apparence, cherche par tous les moyens à me convertir, vantant les bienfaits de l’Islam et explicitant les incohérences de la foi chrétienne. Fuyant le débat, j’en profite pour écouter et analyser ses arguments, m’éclairant grandement sur la religion musulmane. Un peu de rhétorique me permet d’en apprendre beaucoup sur sa foi, sa perception du monde et de la vie, qui n’est rien d’autre que « l’avant mort » – la véritable vie commence après le jugement d’Allah. Voyant qu’il suscite mon intérêt, il m’offre une version du Coran et me lit quelques passages. Je reprends alors le stop, bouillonnant de questions existentielles et théologiques. Un camion pile alors à ma vue et s’immobilise 200 mètres plus loin. Je ne manque pas de réaliser mon meilleur sprint pour ne pas laisser passer ma chance. J’escalade pour me hisser à hauteur de la cabine et demander : « Bangalore, Bangalore ? », « Yes, Yes, come on » me répond-il. Akhan, 37 ans, roule à bon 50 km/h et n’effectue des pauses que tous les 200 kilomètres, il est impressionnant. Son camion est confortable mais malheureusement, il ne parle que trop peu anglais et étant analphabète, Google Traduction est inutilisable… Nous communiquons de manière rudimentaire par gestes et grâce à mes quelques mots d’hindi. Je profite alors du temps pour me reposer, admirer le paysage, faire écouter à Akhan la variété française, jouer aux échecs ou encore lire le Coran. Faut-il y voir une coïncidence, mais faisant du stop en sortie d’un village à majorité musulmane, mon camionneur est également de cette confession. Me voir lire le Coran le remplit d’une joie sans commune mesure et mes quelques mots d’arabe comme « Salam » ou « Choukran » ne manquent pas de lui faire croire que je suis musulman. J’ai beau lui expliquer, rien n’y fait. Par ailleurs, les seuls petits restaurants où nous nous arrêtons sont aussi tenus par des musulmans. Comme si les deux

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Les plaisirs simples

Loin de la douce chaleur du foyer, l’on semble profiter sans pareil égal des petites choses de la vie. Les émotions partagées, le confort d’un instant ou la joie des plaisirs simples sont autant de moments revigorants pour le voyageur. Comme si cet homme revenait à un état plus primaire, infiniment plus sensible à tout ce qui l’entoure et à ce que lui apporte la vie. Rejoindre la mailing liste Les éléments climatiques sont, par exemple, primordiaux pour l’autostoppeur et quelques gouttes d’eau de plus ou de moins peuvent vite faire vaciller son humeur. C’est pourquoi entrevoir le soleil percer les nuages après plusieurs jours de mousson est sans doute une joie sans commune mesure ! Le soleil venant pas réchauffer sa peau et illuminer son visage. Entendre la douce mélodie de la pluie tombant sur le toit, sachant qu’on est à l’abri est tout aussi réjouissant. Même admirer avec stupéfaction que ses chaussures sont sèches depuis la veille est une victoire. Concernant l’attention à soi, ce ne sont ni les toilettes turques ni l’eau froide pour me doucher qui dérangent. Non, c’est l’absence de glace. Se lever le matin sans pouvoir se débarbouiller tout en se recoiffant devant un miroir est plus difficilement supportable. Les rares lavabos munis de glace – de l’ordre d’une fois par semaine – me permettent alors de me raser, de me coiffer et de prendre soin de moi, ce qui n’est pas négligeable dans la confiance que cela procure ; surtout au milieu d’une hygiène indienne, très loin de nos standards européens. Loin de chez soi, de ses amis, de ses proches et de ceux qu’on aime, les attentions, même les plus infimes, des hôtes suffisent pour réchauffer les cœurs. On se dit que même à des milliers de kilomètres de notre patrie, on est le bienvenu ! Un plat moins épicé que d’habitude, une tasse de thé dans une petite soucoupe avec quelques biscuits, une omelette au fromage cuisinée par un aimable villageois, un hôte soucieux de me donner des couverts… Tant de gestes qui font plaisir et qui montrent l’attachement entre son hôte et son invité. Le premier faisant tout pour le bonheur de son convive. Le dernier profitant de l’unicité de chaque seconde de cette rencontre si improbable. Sur la route, ce sont d’autres joies qui prennent place ; trouver une voiture quand la pluie commence à s’abattre, guetter les sourires d’enfants des voitures qui dépassent, tomber sur un conducteur parlant anglais, croiser une Renault au fin fond de la campagne ou même rouler dans un véhicule qui dépasse les 50 km/h, ça fait du bien ! Apprécier la lente évolution des paysages est une immense satisfaction : on se dit qu’on avance et que notre objectif est de plus en plus proche. Mais la meilleure sensation reste tout de même de pressentir un automobiliste, accrocher son regard et puis l’admirer ralentir. Je peux vous assurer que même après des centaines de fois, on ne s’en lasse pas ! Les petits gestes des conducteurs, comme proposer de mettre la clim, de me donner une cigarette ou même de s’arrêter boire un café, sont tout aussi réconfortants. On se sent davantage à l’aise et la conversation avec ce dernier n’en est que plus saine. On tisse une véritable complicité et on se détache du simple partage de trajet, qui arrive encore trop souvent malheureusement du fait de la barrière de la langue. Ces quelques thèmes ne sont que des exemples dans le vaste océan des événements anodins qui prennent une place particulière dans l’esprit du voyageur. Outre le baume au cœur qu’ils apportent, ils reflètent la véritable pensée de ce dernier. Dépourvu de chez soi et de repères, celui-ci savoure chaque cadeau que lui offre la vie et se réjouit ainsi du moindre petit moment agréable qu’il traverse. Faire abstraction de ce qui nous semble acquis ou évident est le meilleur moyen de les apprécier. En décalant le référentiel de nos attentes, le bonheur semble inévitable. Prendre de la distance et réaliser notre joie de l’instant présent est sans doute la première pierre d’une aventure épanouie.

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La société indienne

« Des peurs obscures nous viennent des autres races humaines » – Michel Sardou Cela va bientôt faire deux mois que je suis en Inde. C’est plus que dans les 4 pays d’Asie centrale. Si je n’arrive pas à partir, c’est que je suis tombé sous le charme de cette nation. La société entière de ce pays m’a envoûtée. Une multitude de langues, de courants religieux, de castes, de normes sociales ou encore de différences civilisationnelles rendent cette culture indienne si fascinante pour l’autostoppeur occidental que je suis. Au-delà des contrastes, c’est cette soif de comprendre qui m’anime chaque matin depuis que je suis en Inde et me pousse toujours à interroger, à découvrir et à décoder cette civilisation ; véritable chasse au trésor pour embrasser 5 000 ans de traditions ancestrales. Je précise que cet article n’est en aucun cas une critique ou un jugement porté à la société indienne, simplement des observations et constats vues par un Français, comportant les parts de surprises et de chocs, tant les deux cultures sont éloignées et opposées. Rejoindre la mailing liste Revenons à l’aventure. Ça peut paraître fou, mais sur ces 3 dernières semaines, je n’ai payé que deux fois mon hébergement. Tout le reste du temps, je loge chez l’habitant ou grâce à eux. Ces derniers me conseillent des temples où je peux étendre mon matelas, des cliniques avec des lits de disponibles, des restaurants où je peux m’allonger sous les tables ou m’offrent même la chambre d’hôtel, prétextant que leur demeure est trop modeste. C’est en décalage complet avec nos principes européens. Je voudrais alors vous éclairer avec la première clé de compréhension de ce monde ; l’étranger est considéré commme un dieu pour les hindous. Bien sûr, ils ne sont pas monothéistes et leur panthéon regroupe plusieurs millions de dieux, je ne suis pas le seul ! Néanmoins cela annonce la couleur. Si dans les pays musulmans j’étais reçu comme un roi, ici je suis reçu comme un dieu. C’est donc un honneur immense que de m’inviter, de m’héberger, de me nourrir ou bien de prendre des photos avec moi. Ceci explique mieux pourquoi à chaque invitation, on appelle toute la famille en visio, on fait venir les amis, on m’emmène chez les voisins… bref c’est un petit événement. La joie que semble déclencher mon séjour chez eux est immense et me réchauffe le cœur. Tout le monde prend du plaisir et passe un bon moment. Une fois à leur domicile, je peux observer leurs mœurs, leurs coutumes et leur manière de vivre. Je découvre également leurs relations au sein de leur famille, avec leurs amis, leur rapport au travail et ceux pour tous les types d’indiens que je rencontre ; quelque soit leur statut social, leur caste et leur profession. Des similitudes se dégagent, des points communs émergent et petit à petit j’arrive à déchiffrer cette culture même si je reste encore bien loin de sa compréhension. Mais à chaque fait observé, une question reste en suspens, véritable norme ou spécificité des individus en face de moi ? Tout le monde mange avec sa main ou seulement les plus démunis ? Les hindous qui se couvrent à l’extérieur le font par choix ou par obligation ? Une femme peut-elle choisir son propre métier ou uniquement dans certaines castes ? Le fils est-il voué à reprendre l’entreprise de son père ou cela dépend-il de la religion ? Certaines castes sont elles végétariennes ou s’agit-il de choix privés de leur membres ? Tant d’interrogations auxquelles je ne peux jamais poser les questions directement, mais dont patience, analyse et curiosité m’ont permis d’y répondre. C’est à ce titre que notre deuxième clé de compréhension est le système des castes. Bien qu’officiellement abolie,  celles-ci continuent de jouer un rôle majeur dans la société. L’ensemble des castes forme une multitude de communautés endogènes qui ne se marient qu’entre elles – on compte moins de 5% de mariages intercastes. Ainsi, sur des milliers d’années, le travail, l’exposition au soleil, la malnutrition, et les événement  – l’évolution en somme- ont édifié les morphologies, les faciès et les caractères des individus des castes. C’est pourquoi on peut reconnaître, identifier et presque savoir au premier coup d’œil le groupe de l’individu en face de soi. Cela peut être considéré comme horrible pour le bon français partisan des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité de 1789 ; ton faciès définit qui tu es. Ici, la naissance semble compter plus que n’importe où ailleurs. Les plus nécessiteux sont halés, plus petits que la moyenne, chétifs et d’une timidité effrayante. Les Brahmanes, au sommet de la pyramide des castes, sont quant à eux beaucoup plus clairs, grands, charismatiques et ils exercent les meilleurs métiers… Comme en Europe à l’an mil où la noblesse ne se reproduisait qu’entre elle et conduisait à ces variations de l’espèce humaine. Je citerai par exemple François 1er, qui il y a 500 ans de cela mesurait 1m98, taille qui même aujourd’hui est impressionnante. Mais pourquoi n’y a-t-il pas eu de révolution indienne me direz-vous ? Simplement car tout le monde s’accommode de ce système du fait de la religion et plus particulièrement du Karma, qui est notre troisième clé. Cette théorie du Karma stipule que si je fais le bien, le bien m’arrivera et si je fais le mal, le mal m’arrivera. Si les gens sont pauvres, miséreux et dans la souffrance, ils le sont alors du fait de mauvaises actions dans cette vie ou dans celles passées, aussi incroyable que cela puisse paraître c’est de leur responsabilité ! En effet, les hindous adhérant à la réincarnation, les actions néfastes des vies antérieures influencent directement la vie présente. Cela rentre en opposition totale, complète et unanime avec nos sociétés chrétiennes qui prônent le pardon, la repentance et d’aimer son prochain comme soi-même où l’égalité nous est fondamentale. Ici, comment puis-je aimer ou ne serait-ce qu’aider les plus nécessiteux alors que je sais qu’ils ont fait le mal et qu’agir en leur faveur viendrait en

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Le renouveau

« Des hommes d’ailleurs venus chercher le repos de l’âme » – Michel Sardou Le voyage a pris une autre dimension. C’est l’aventure de mes rêves qui est en train de se réaliser. Je vis une immersion complète dans l’univers des populations et la vie sociale du pays. Mon cauchemar d’être un touriste parmi tant d’autres, allant de lieux touristiques en lieux touristiques, d’hébergement Booking en hébergement Booking, a disparu. Depuis mon arrivée en Inde, je passe la plupart de mes nuits chez l’habitant, je mange quasiment tout le temps avec des Indiens, j’échange continuellement avec eux, et je prends conscience que je vis des choses qu’aucun touriste ne vit; je suis invité aux fêtes des villages, dans les associations, les clubs, les écoles et même aux studios de presse ; le voyage est devenu une aventure ! Je ressens un second souffle, pour être honnête avec vous. Quelque chose de nouveau depuis mes 23 ans. Comme si mon premier anniversaire passé hors de ma famille avait fait éclater d’un coup 5 mois de cheminement et d’évolution personnelle. Un lent, profond et réel développement initié 150 jours plus tôt qui porte désormais ses fruits après 17 000 kilomètres. Il est vrai que je me sens plus à l’aise, plus en confiance, comme sûr de moi. Je ne doute plus, je suis sûr de réussir. J’arrive à 20h dans un village de 500 habitants, et je ne doute pas de trouver un toit, j’en ai déjà trouvé tellement de fois. Je pousse les portes d’une école, et je ne crains rien, je suis même persuadé d’être reçu par le directeur ou le professeur d’anglais, convaincu qu’ils accepteront que je donne une présentation. Je ne doute plus sur le fait de trouver des véhicules, j’ai parcouru 17 000 kilomètres, ce n’est pas 100 kilomètres de plus qui seront difficiles. Tout le poids de ce que j’ai déjà accompli est une motivation exceptionnelle à chaque instant et d’une grande aide au quotidien. Je suis sûr d’y arriver à chaque fois, et j’y arrive. Je n’envisage rien d’autre que d’atteindre mon but. Mon rapport dans les relations humaines a changé aussi. J’applique les principes de l’autostop même quand je n’en fais pas. Je ne dis jamais non, je souris toujours, je suis patient, et je considère chaque individu comme pouvant m’apprendre quelque chose de nouveau ; je cherche toujours ce qui rend mon interlocuteur unique. J’ai réalisé que la joie, les émotions et les sourires sont communicatifs. Il suffit d’être dans le bon état d’esprit pour transformer n’importe quelle rencontre en un moment magique. Chaque personne sur cette terre est intéressante, il faut simplement aborder les gens sous le bon angle, et comme dirait le roi du petit prince, ” Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner”. Cette capacité d’adaptation à chacun est essentielle pour ce genre de voyage. Toutes ces prises de conscience soudaines m’ont également motivé à partager ces apprentissages autour de mon aventure. Outre l’aspect d’inspirer les gens du monde, c’est également un formidable moyen pour m’ouvrir d’autres portes. Club de yoga, lycée, groupe de randonnée, ONG ou bien chaîne de télévision m’ont fait réaliser la portée de mon aventure. Ce n’est pas un simple voyage en autostop, c’est le symbole du fait qu’étape par étape, pas à pas, on peut soulever des montagnes. Ce message universel semble inspirer tout le monde, et je m’en suis aperçu très récemment. En effet tout le monde comprend car il est à la portée de tous. Parler de messages, de valeurs et d’objectifs est bien plus parlant aux populations qu’un voyage d’un pays à un autre avec un moyen de locomotion qu’ils ne connaissent que très rarement. C’est alors un réel pouvoir que d’inscrire des sourires sur les visages, de motiver les jeunes du monde ou de faire rêver les plus grands. Partager, transmettre et inspirer sont pour moi des moyens de rendre au monde ce qu’il m’offre depuis déjà 5 mois. De plus, le véritable bonheur ne consisterait pas à faire des heureux comme le dit si bien notre bon duc de Lorraine ? La marche du sel s’inscrit logiquement dans cette lignée, appliquer à n’importe quel moment et dans n’importe quel lieux ces principes. J’ai ainsi joué la carte de l’aventure à fond pendant 8 jours. Aucune nuit à l’hôtel, aucun restaurant, et un mode de vie calqué à l’identique sur les locaux m’a permis de me plonger comme jamais dans une région des plus délaissées de l’Inde – du moins par les touristes. Couplée à la prouesse physique, je sors changé viscéralement de cette dernière épreuve. J’en ai appris sur tous les aspects du quotidien des campagnes, des petites bourgades, mais surtout sur moi-même. Ma confiance n’en est que plus grande, ma motivation et ma détermination aussi, toujours débordant et avide de découvrir le monde et surtout ses habitants qui tant à m’apprendre. J’ai comme l’impression que chaque jour est désormais plus enrichissant que la veille, on dirait bien que le vœu de Gaspard s’est réalisé…

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